Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/47

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Sous ce crâne de leurs mains froides
Ils ont mis un oreiller blanc ;
De chaque côté, sur le flanc,
Ils ont ramené ses bras roides.

Ô Mort, contemple ton soldat,
Sur les rangs et dans la tenue !
Attendant la grande Revue
Et le clairon de Josaphat !

Sur la poitrine qu’il consacre
Un chapelet aux grains rivés
Épand de sa grappe de nacre
Le vin mystique des avés.

Et, dernier présent d’une année
Qui meurt, elle ! pour refleurir,
Une rose blanche et fanée
Cherche son cœur pour y mourir !… —

Et c’est tout ! l’horreur est gravie !
Sur ce front deux fois dérobé,
Porte suprême de la vie.
L’épais couvercle est retombé. —

ÉMILE BERGERAT.

24 octobre 1872.