Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 09.djvu/488

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sait le Seigneur de la forêt et de la fontaine, « vêtu de noir, monté sur un cheval noir, portant un bouclier noir, et à sa lance noire, un pennon noir. » Ce chevalier, réputé invincible, fut défait par Owen, neveu du roi Arthur. Owen épousa la veuve du chevalier Noir et demeura plus de trois ans près de la fontaine, au château de Gaël. Malgré cette solution, la légende reprend force. Huron de Méry, écrivain du xiiie siècle, voulut se rendre compte lui-même du pouvoir de la fontaine. Il passa par toutes les péripéties consacrées, et raconta qu’après l’orage, il vit surgir un chevalier Maure qui, après l’avoir blessé, lui apprit qu’il se nommait Bras-de-Fer et était chambellan de l’Antéchrist.

FOUR DANS LA CAMPAGNE.

Le nom de Paimpont, — Pen Ponthi, — qui fut donné plus tard à la forêt de Brocéliande, vient de Ponthus, qui épousa Sydoine, fille d’un roi de la Petite-Bretagne, dont la capitale était Vannes. Après avoir rempli à la cour de son beau-père les fonctions de connétable, Ponthus se retira dans la forêt de Brocéliande, où il habita le château de Barenton, devenu château de Ponthus.

Au poteau indicateur, on n’a que l’embarras de la direction : Fontaine Barenton, Folle-Pensée, Pertuis, Néant, Huchelou, Paimpont, Ville Danet. Dans tous les sens, c’est la forêt, non pas chenue et mystérieuse, comme l’imagination peut se plaire à la concevoir, mais de jeunes taillis, de verdures claires. L’Enchanteur et la Fée sont partis, les sortilèges sont évanouis. La forêt est nettement circonscrite, n’est plus la vague et sombre étendue d’autrefois. Elle occupe plusieurs collines dont le point le plus élevé est à 255 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle s’étend, au nord, sur une longueur d’environ 10 kilomètres, va se rétrécissant brusquement vers le sud-ouest, s’étrangle davantage encore à l’étang du Pas-du-Houx, se développe à nouveau dans une direction sensiblement parallèle à la première, entre Plélan et Tréhorenteuc, absorbe Paimpont, bâti au bord d’un étang relié à celui du Pas-des-Houx par un cours d’eau sinueux formant une boucle. Sa partie sud, dans la direction sud-est-nord-ouest, d’une longueur de 12 à 13 kilomètres, est coupée à son extrémité par la limite des deux départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. L’impression ressentie est fraîche, agreste, non sauvage. On entrevoit à tout instant, à travers les branchages, un peu de la nature cultivée. Pourtant, il est des espaces qui attestent la défaite de l’homme, une partie des terrains déboisés ne produit rien, est changée en lande, la lande de Thélin, la lande de Halgros, la lande de Concoret… Rien d’étonnant si les racontars des veillées font fureur aux alentours de ces parages déserts et mystérieux. Les gens de Concoret ont passé longtemps pour sorciers. La lande est un endroit favorable aux maléfices et aux incantations. Parmi les pierres, sur la terre rugueuse où zigzague un reptile, parmi les fleurs d’or des genêts et des ajoncs, les fleurs roses des bruyères, les sorcières pourraient installer leur chaudron, faire bouillir les crapauds et les couleuvres.

LA FAÇADE INTÉRIEURE DU CHÂTEAU DE JOSSELIN AVEC LE PUITS DE FER FORGÉ.

Le lieu fut propice aussi aux guerres de partisans, aux entreprises de chouannerie. Comment pour-