LA BRETAGNE DU CENTRE[1]
II. — Le Pays de Pontivy.
e prends le plus long pour aller à Pontivy ; mais à Rohan, où je m’arrête
en quittant Josselin, j’en serais pour mon arrêt si le magnifique paysage
n’était une compensation suffisante à l’absence du château fort dont
il ne reste que quelques vestiges, et à la présence d’une église moderne
quelconque. Non loin, la Chèze aussi était une place forte, au château
flanqué de neuf tours, entouré de douves profondes et communiquant par
un pont-levis au château de Rohan. Rien de tout cela n’existe non plus.
On dit qu’il y a un demi-siècle, on pouvait voir encore l’entrée du souterrain.
Rien, plus rien. Henri IV a rasé le château, et la terre et la végétation
ont bouché le trou. À Loudéac, il y aurait également peu de chose
s’il n’y avait pas la forêt, mais il y a la forêt. C’est un fragment détaché
de l’immense forêt de Brocéliande, et c’est d’un rendez-vous de chasse
qu’est née la ville. La forêt de Loudéac, où abonde le gros gibier, est
d’aspect plus ancien, plus farouche que la forêt de Paimpont. Elle avait,
au xve siècle, cinq lieues de longueur et deux de large. Elle n’a plus aujourd’hui
qu’une étendue de 8 kilomètres avec 4 kilomètres de largeur. Les
chevaux y vivaient à l’état de liberté, et le vicomte de Rohan y tirait grand
profit des poulains. Vingt à trente grosses forges y étaient établies et fabriquaient des poêles à crêpes, des
- ↑ Suite. Voyez page 469. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.