LA BRETAGNE DU SUD[1]
III. — Le Pays d’Auray.
utour de la petite ville d’Auray, la campagne est pauvre et monotone, mais
une certaine grâce l’embellit. Les ajoncs dorés, la bruyère rose ou rouille
couvrent, de leur délicate et riche ornementation, la terre rocheuse. Quelques
arbres se dressent, vus de loin, au-dessus de ces étendues de fleurs, et leur
silhouette isolée prend une importance sous le grand ciel gris, incessamment
mouvementé par le vent de la mer. De loin, Auray dresse son clocher ; de grandes
maisons qui sont des couvents, de petites maisons couvertes d’ardoises.
Si l’on pénètre dans la ville, par de beaux chemins plantés d’arbres, on découvre,
après les constructions modernes qui rejoignent la gare, un vieil Auray qui ne
manque pas de gaieté, même de cocasserie. Ce vieil Auray est séparé de l’autre,
moins vieux, par la rivière du Loc, assez large. À droite, c’est Saint-Gildas, à
gauche, c’est Saint-Goustan. Un ancien pont réunit les deux quartiers fort dissemblables
d’apparence. La gaieté de cette ville d’autrefois est la gaieté de
l’enfance, toutes ses maisons sont petites comme des maisons de nains ou de
poupées. On croirait volontiers qu’elles ont été apportées par une fée géante
qui les a disposées comme des jouets, avec leur petite porte, leurs petites
fenêtres, leurs toits tombants. C’est un théâtre avec sa toile de fond, ses portants, ses coulisses, ses décors
de carrefours et de rues, ses montées, ses descentes. Les gens qui vivent là, hommes et femmes, sont trop
- ↑ Suite. Voyez pages 409 et 421. — Les photographies qui ont servi aux illustrations sont de M. Paul Gruyer.