AU PÔLE SUD[1]
VII. — LA CONQUÊTE DU PÔLE
29 novembre 1911. — Une photographie prise par Bjaaland montre les périls de l’ascension dans cette région. Au premier plan s’élève une crête de neige, rebord d’une très large crevasse à moitié remplie. Les traces visibles sur l’image sont celles laissées par les skis du photographe, qui a voulu éprouver la solidité du « pont ». À côté de cette piste, un petit trou s’ouvre vers un gouffre sans fond. Notre camarade a pu passer sur cette croûte fragile, mais il n’en saurait être de même pour son traîneau ; en conséquence, l’attelage prend une autre direction. Quinze kilomètres, toute notre étape aujourd’hui. Si nos innombrables détours étaient entrés en ligne de compte, nous arriverions au double.
Le soleil, à l’ouest à cette heure-ci, éclaire les formidables crêtes entassées dans cette direction et les enveloppe de merveilleuses tonalités. C’est un mélange extraordinaire de bleu, de blanc, de rouge et de noir. L’éperon sud-est du Thv. Nielsen se perd dans une panne de nuages impénétrables, indice que ce relief se prolonge au delà. L’horizon est tout dentelé de cimes le long desquelles traînent des filaments de brume. Sur leurs versants, des glaciers escarpés pendent comme d’énormes stalactites. Dans cette puissante chaîne, les pics sont rares ; la plupart des sommets affectent la forme de dômes. Le plus magnifique est l’Helmer
- ↑ Suite. Voyez pages 25, 37, 49, 61, 73 et 85.