Page:Le Tour du monde - 01.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préparer les lois. Il y a, en outre, quatre ministères. Le ministère de la guerre ou de la défense du pays, le plus important de tous, comprend plus de cinquante membres, le soin de son indépendance étant un des principaux soucis du Japon. Le ministère des domaines impériaux a dans ses attributions les villes impériales, distraites du territoire des princes, et la province de Yédo. Le ministère des affaires étrangères, composé de six membres, est chargé des rapports, jusqu’ici si restreints, du Japon avec les étrangers. Le ministère de la police vient en dernier ; mais ce doit être le plus occupé, si ses membres sont obligés de lire les innombrables rapports que leur envoie une armée d’espions répandue surs toute la surface de l’empire. Nous-mêmes, nous n’avons point dû leur donner un médiocre labeur, si on leur a porté tous les éventails chargés de notes à notre sujet, et relatant toutes nos actions depuis le lever jusqu’au coucher du soleil.

Un jardin public (jardin de thé, voy. page 147) au Japon. — Dessin de Bar, d’après Tronson (expédition de Baracouta).

Dans ces derniers temps, le gouverneur néerlandais s’est efforcé, à deux reprises différentes, de faire sortir la cour de Yédo de son système d’isolement et de lui faire abandonner sa vieille politique d’exclusion envers les étrangers. En 1845, un aide de camp du roi remettait notamment au taïcoun une lettre autographe de S. M. Guillaume II. Cette lettre appelait l’attention du gouvernement japonais sur l’ouverture du Céleste Empire au commerce étranger. Elle avertissait l’empereur du danger de vouloir maintenir une règle de strict isolement, lorsque la navigation semblait devoir s’étendre des eaux de la Chine à celles de son empire, lorsque la force de la vapeur effaçait de plus en plus les distances, lorsqu’enfin le développement de l’industrie et du commerce en Europe exigeait impérieusement de nouveaux débouchés. Elle lui recommandait de nouer des relations d’amitié et de commerce avec d’autres nations, comme le plus sûr moyen d’éviter des conflits. Mais la cour de Yédo resta sourde à cette amicale invitation. Le bruit du canon de Ta-kou devait avoir plus d’effet et faire taire les derniers scrupules du gouvernement du taïcoun. Toutefois l’on doit reconnaître que, si la crainte entra pour quelque chose dans la conclusion des traités signés alors, ils furent aussi en grande partie le résultat de cette rare intuition que possède le gouvernement japonais et qui le porte à accorder de bonne grâce et spontanément ce qu’il sent pouvoir un jour lui être enlevé par la force.

Mis de Moges.