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un autre les attendait plus loin ; c’était celui d’un peuplier centenaire (cottonwood-tree) qui s’élevait isolément dans la prairie. La présence d’un arbre en ces lieux est saluée comme celle d’un ami qu’on revoit après une longue absence. Le tronc noueux mesurait 4 mètres de diamètre, et donnait naissance à deux arbres dont les branches répandaient au loin un bienfaisant ombrage. Les Peaux-Rouges ont respecté ce vieillard, et tracé sur son écorce des figures de chevaux et de serpents à sonnettes.

Nous venons de prononcer le nom de Peaux-Rouges, et, en effet, près de là, les voyageurs aperçurent des traces d’Indiens. « De la prudence », dirent les chefs. Bientôt, au détour d’un chemin, on se trouva près d’une petite rivière, sur le bord opposé de laquelle se dressaient dix-huit grandes tentes, composant un camp d’Indiens. L’apparition inattendue des visages pâles jeta la consternation parmi les femmes et les enfants qui, montés sur des chevaux libres, gardaient tranquillement un troupeau au pâturage. Les femmes furent aussitôt remplacées par de jeunes et robustes garçons, qui poussèrent le troupeau vers la Canadian, pour le mettre hors d’atteinte. Un guerrier, accompagné de quelques Indiens, passa la rivière, pour parlementer avec les étrangers. C’était le chef même de la tribu, Ku-tat-su, qui de son côté demanda le chef de l’expédition, et l’embrassa tendrement en frottant sa joue peinte contre la barbe du lieutenant Whipple, usage qui du Mexique a pénétré jusque chez les Indiens. Il n’y avait plus rien à craindre ; on était en bons termes avec les Kioways, et la rivière fut traversée. Des Indiens attendaient sur la rive ; ils s’étaient fardés et parés à la hâte ; d’autres, comme on le voyait à travers les tentes entr’ouvertes, achevaient rapidement leur toilette, et se barbouillaient la figure devant de petits miroirs de poche. Ils cherchaient à persuader aux Américains qu’ils étaient des amis fidèles et les ennemis jurés des Mexicains, auxquels ils volent pourtant le plus de chevaux possible.

Camp d’Indiens Kioways. — Dessin de Duveau d’après les Reports of explorations, etc. (voy. la note 1 de la page 338).

La troupe fit son entrée dans le village, mais ne s’arrêta qu’un instant sur la grande place pour établir un camp à quelque distance, à l’endroit où devait avoir lieu une entrevue avec les principaux chefs.

Guill. Depping.

(La suite à la prochaine livraison.)