les couvertures entassées dans les coins donnaient l’idée du bien-être ; les murailles nues étaient couvertes de vêtements, d’ustensiles et d’armes, rangés avec une certaine symétrie. Après avoir goûté aux mets et mis le restant dans nos poches, nous souhaitâmes le bonsoir aux Indiens et continuâmes notre voyage de découvertes sur le toit des maisons ; nous trouvâmes partout le même arrangement, la même hospitalité, les mêmes prévenances. »
Le lendemain, visite à l’église :
« Elle ne diffère pas de celles des petites villes du Mexique ; des murailles brutes forment le bâtiment dont le portail en terre glaise est soutenu par deux piliers carrés de même matière qui surmontent un peu l’édifice ; entre ces deux piliers est située l’entrée ; au-dessus, une galerie communique avec le chœur au moyen d’une porte. Sur le toit s’élève un échafaudage en maçonnerie qui soutient une petite cloche et que la croix couronne au sommet. Des bâtiments accessoires construits dans le même style, complètent l’ensemble de l’église, qui doit son origine à des missionnaires catholiques.
« L’intérieur répond à l’extérieur ; une espèce d’autel,
des murs de terre lisse auxquels sont suspendus quelques
vieux tableaux espagnols, composent toute la décoration
du lieu ; on y voit pourtant aussi de grossières peintures
indiennes parmi lesquelles se fait surtout remarquer un
homme à cheval, un conquistador, poursuivant un groupe
d’Indiens (allusion à la première conquête espagnole). Il
règne ici un mélange de catholicisme et de religion aztèque ;
vous trouvez plusieurs fois la Sainte Vierge en
compagnie d’une figure indienne que le peuple, dans son
ignorance, nomme Montézuma, bien que la puissance
mexicaine n’ait jamais pénétré du lac de Tezcuco jusqu’à
cet endroit reculé du nord ; de même sous l’image de la
croix, vous voyez les cavités ou le feu sacré brûlait autrefois.
Dans les villes indiennes du Rio-Grande et à l’ouest
des montagnes Rocheuses, le feu sacré est depuis longtemps
éteint ; mais il résulte de traditions, dont on ne
peut naturellement garantir l’authenticité, que c’est aux
sources du Pecos, là où des ruines attirent l’attention
du voyageur, que les flammes saintes ont brûlé pour la
dernière fois. D’après les mêmes traditions, Montézuma
aurait planté en ce lieu un jeune arbre, en disant que
tant qu’il serait debout, les descendants des Aztèques,
c’est-à-dire les Indiens Pueblos d’aujourd’hui, formeraient
une grande nation indépendante ; mais que, s’il
périssait, des hommes blancs viendraient du couchant et
se répandraient dans le pays. Les habitants des Pueblos
devaient vivre en paix avec ces étrangers et attendre tranquillement
le temps où Montézuma reviendrait pour les
réunir de nouveau en une vaste et puissante nation.
« Telles étaient les légendes un peu confuses que les