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cette espèce particulière de cactus, qui s’étend au midi par delà les rives du Gila ; on la rencontre aussi dans l’État de Sonora, au sud de la Californie. Les déserts les plus sauvages et les plus incultes paraissent être la patrie de cette plante qui trouve moyen de pousser des racines entre les pierres et les rochers, là où vous n’apercevez qu’un atome de terre, et qui parvient pourtant à une hauteur surprenante. Ces cactus varient de forme suivant leur âge. La forme la plus ordinaire est celle d’une énorme massue dont la pointe est tournée en bas et dont l’extrémité supérieure a une circonférence double. Tels sont les cactus de 0m,64 à 2 mètres ; mais le diamètre tend à s’égaliser quand les plantes poussent en hauteur ; ainsi, à 8m,324, c’est une colonne régulière qui commence à pousser des rameaux. Des branches sphériques sortent du tronc, se recourbent en se prolongeant et s’élèvent alors à quelque distance et parallèlement avec lui, en sorte qu’un cactus à plusieurs rameaux ressemble exactement à un candélabre gigantesque, d’autant plus que ses branches sont symétriques. Le diamètre du tronc principal est quelquefois de 0m,80, mais le plus ordinairement la grosseur est de 0m,48. La hauteur varie ; les plus élevés que nous rencontrâmes près du Bill Williams, mesuraient 12 à 13 mètres ; sur le Gila, plus au sud, ils s’élèvent jusqu’à vingt. Quand on voit ces hautes tiges se dresser à la pointe extrême d’un roc, on ne conçoit pas qu’elles puissent résister à l’ouragan ; mais elles doivent leur solidité à un système de côtes circulaires placées à l’intérieur de l’enveloppe charnue du haut en bas de la plante, ayant 0m,026 à 0m,039 de diamètre et aussi dures que le bois du cactus. Quand la plante meurt, la chair tombe pièce à pièce des fibres du bois, le squelette gigantesque reste ainsi debout plusieurs années, jusqu’à ce qu’il périsse tout à fait. Le tronc et les branches sont garnis, dans toute leur longueur, de cannelures régulières, placées à égale distance ; les fibres intermédiaires ont une direction perpendiculaire, ce qui donne à l’écorce du cactus une vague ressemblance avec un orgue d’église. Les arêtes du cereus sont armées de pointes grises, symétriquement espacées, entre lesquelles brille la teinte vert clair de la plante. De grosses fleurs blanches ornent, en mai ou juin, l’extrémité des branches et du tronc ; aux mois de juillet et d’août, des fruits savoureux les remplacent. Les Indiens récoltent ces fruits ; c’est un de leurs mets favoris ; ils s’en servent pour faire une espèce de sirop.

Huttes d’Indiens Chimehwhuebes (voy. p. 374). — Dessin de J. Duveau d’après le troisième volume des Reports of explorations, etc.


Le Rio-Colorado. — Les Chimehwhuebes, les Cutchapas et les Pah-Utahs. — Échanges. — Armes des Cutchanas. — Les Four Creeks. — Sotte brutalité d’un marchand.

Le 19 février, jour dont chacun de nous se souviendra, dit l’auteur, on fut en vue du Rio Colorado. Aussitôt les fatigues sont oubliées, et chacun de saluer le fleuve large et majestueux. On n’est pas longtemps sans