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vant nous une chaîne de montagnes. Nous arrivâmes à la passe connue sous le nom de Puerto del Chocolate, et où l’on trouve en grande abondance le nitrate de potasse mêlé d’une certaine quantité de sel marin. Il nous fallut à peu près trois heures pour traverser le Puerto del Chocolate. Au débouché, une splendide vallée s’ouvrit devant nous.

L’œil ne jouit pas souvent du spectacle de la verdure sur ces hauts plateaux ; la terre y est essentiellement minérale, et la végétation y prend une teinte rougeâtre ; on dirait que l’herbe tire sa sève de l’or ou du cuivre. Aussi un arbre ou arbuste bien vert est presque un guide certain pour le voyageur qui est à la recherche d’eau.

Bientôt nous nous trouvâmes sur les bords d’une rivière splendide, le rio Casas-Grandes.

Le pâturage était excellent ; quelques-uns d’entre nous se baignèrent, tandis que d’autres s’occupèrent à laver leur linge.

Le lendemain, à la pointe du jour, huit mulets manquaient à l’appel ! Ils appartenaient à notre chef de caravane ; c’était une partie de l’attelage de ses wagons. Cette disparition paraissait étrange ; la nuit avait été étoilée ; on avait entretenu autour du camp des feux, et quatre sentinelles avaient constamment veillé ; personne n’avait vu ces animaux s’éloigner. Le capitaine prit ses lunettes d’approche et aperçut dans la montagne des Apaches chassant les huit mulets devant eux.

La rapidité de notre poursuite pouvait seule nous remettre en possession de notre bien. Nos jeunes gens s’élancèrent du côté des voleurs avec une telle fougue que les sauvages, qui étaient en petit nombre, s’enfuirent dans les montagnes en abandonnant leur proie.

Après cet événement, nous allâmes prendre position à Baranco, pueblito situé sur les bords de la rivière de Casas-Grandes.

Baranco possède des usines pour la fonte du minerai d’argent qu’on extrait des mines de San Pedro, à huit lieues au S. E. de ce pueblito ; la population est de trois cents âmes ; elle est entièrement occupée par le propriétaire, qui est un Franco-Américain du nom de Flotte.


Corralitos. — Les Apaches. — Leurs mœurs. — Leurs ruses. — Indiens prisonniers. — Le peonage.

Le 1er  août, nous suivîmes le cours du rio Casas-Grandes jusqu’à l’hacienda de Corralitos, située sur le bord de cette rivière que nous traversâmes pour camper de l’autre côté.

Le corral de la fonderie d’argent de Corralitos. — Prisonnier apaches.

Dans la nuit mon compagnon de voyage, M. de Dommartin avait une garde à monter : il veillait tranquillement en fumant sa pipe, lorsque son attention fut attirée par une conversation mystérieuse entre quatre individus