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L’illustre Scanien, qui avait cultivé toutes les sciences, était surtout en effet un astronome. Il avait recueilli deux héritages de ses oncles, et il ajouta cinq cent mille francs aux munificences du roi pour élever dans l’île d’Hveen deux édifices, dont il appela l’un Uranienbourg, le château du ciel, et l’autre Stiernberg, la montagne des astres.

Il vécut là vingt années en monarque. Ses sujets étaient ses nombreux élèves et les visiteurs nationaux et étrangers. Il offrait à tous l’hospitalité, et il les initiait à ses travaux gigantesques, dignes de son génie et de son siècle, le grand seizième siècle.

Brahé était un roi intellectuel. Les princes le comblaient d’hommages. Les vaisseaux débarquaient à son île tantôt un philosophe, tantôt un chimiste, tantôt un alchimiste, tantôt un grand capitaine. Une fois, c’était Ulric, duc de Mecklenbourg ; une autre fois, c’était Guillaume, landgrave de Hesse-Cassel ; une autre fois encore, Sophie, reine de Danemark. En 1590, Jacques Ier, roi d’Écosse, fils de Marie Stuart, cingla de Copenhague à l’île d’Hveen. Il habita toute une semaine sous le toit d’Uranienbourg, fit de magnifiques présents à Tycho-Brahé, et composa des vers en son honneur. C’était l’astronome qui était le souverain, et le roi qui était le courtisan.

Église de Saint-Sauveur (île d’Amac). — Dessin de Thérond.

Christian IV vint aussi passer quelques jours à Stiernberg. Les bienveillances furent réciproques. Christian, qui était fort jeune, ôta de son cou une chaîne et la suspendit comme un gage de son admiration sur la poitrine de Tycho-Brahé. Malheureusement il ne fut pas sourd à la calomnie. Il laissa ses ministres dépouiller le grand astronome de ses pensions, de son canonicat et de son territoire. Le roi, dit-on, eut même l’impiété, après l’expatriation de Tycho-Brahé, d’accorder