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Page:Le Tour du monde - 05.djvu/128

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cher le soleil et se lever la lune sur le Sund, ce Bosphore hyperboréen.

C’est ainsi que j’ai achevé mon voyage en Danemark.

— Ultima Thule !

Le vaisseau est prêt. Dans une heure, je serai parti. En m’interrogeant bien, qu’ai-je recueilli à travers tant de courses charmantes ou sublimes ? que retiendrai-je de ce voyage dans mon cœur et dans mon souvenir ? — C’est l’amitié de Glorup : — c’est la légende d’Hamlet ; — c’est la configuration des îles, la fascination des golfes, — la physionomie d’un ciel nouveau et d’un peuple petit par le nombre, grand par l’intelligence et par le courage ; — ce sont les forêts ; c’est plus que les forêts, — c’est la mer ; la mer qui m’a apporté, la mer qui me remporte.

Château de Rosemborg. — Dessin de Thérond.

Oui, dans toute la nature, ce qui m’a le plus impressionné, c’est la mer. Dans son calme, elle fait comprendre l’harmonie universelle ; dans ses orages, elle fait comprendre le chaos et les révolutions des siècles. Elle semble s’élancer de vague en vague, afin de soulever le nom de Dieu au-dessus des mystères de son immensité profonde. Je n’ai jamais été si homme de foi que sur un navire. J’y étais grave, religieux, attentif au spectacle des vastes eaux et à la voix souveraine qui leur commande ainsi qu’à nous. Tout ce que je sais de plus sérieux que le monde, c’est la mer qui me l’a appris. Presque autant que l’amour et non moins que la théologie, elle a le secret des choses éternelles.

Dargaud.