Page:Le Tour du monde - 05.djvu/291

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deux extrémités sur ma poitrine à la manière des Indiens, et me mis en marche. Une chaussée droite et fort bien entretenue conduit jusqu’au Penon del marques ou Penon viejo, morne volcanique qui s’élève dans la plaine à douze ou treize kilomètres de Mexico ; un bras du lac de Tescuco, que traverse la chaussée, l’entoure encore en partie : c’était autrefois une île dont Cortez s’empara après un combat sanglant, au commencement du siége, avec l’aide de ses brigantins. Je m’arrêtais là dix minutes pour prendre haleine et manger un biscuit arrosé d’un verre de madère. La chaussée continue pendant quelques kilomètres, puis au pied du volcan d’Ayotla on rencontre un terrain sablonneux où la marche devient pénible. À neuf heures et demie j’étais à Ayotla ; j’avais fait mes vingt-six kilomètres en quatre heures, avec un poids d’une quarantaine de livres sur le dos.


Le coche de Puebla. — La forêt de Rio-Frio et les voleurs. — San Martin de Tesmeluca. — Le sota.

Le mesonero chez lequel je pris langue m’apprit que les voitures ne s’étaient pas arrêtées ce jour-là au pueblo et qu’il y avait une heure environ qu’elles étaient passées. Il ne me restait d’espoir de les rejoindre qu’à l’étape, et la tentative dépassait la mesure de mes forces que je venais d’excéder. Je m’étais assis en arrivant, quand je voulus me lever, je trouvai que mes jambes roidies refusaient le service ; il fallut les frictionner avec du mescal pour leur rendre un peu d’élasticité, après avoir coupé mes chaussures pour en extraire mes pieds gonflés.

Le majordome avait gagné la partie et je ne savais trop que faire de moi. Mon hôte me conseilla d’attendre au lendemain et de prendre le coche de Puebla : « dans cette ville j’en trouverai un autre qui me conduira à