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raons, ses aïeux ; enfin de grands espaces fertiles en pattes de sphinx, en tronçons de triades de granit rose et d’albâtre, deux pylônes ruinés, deux sèkos ornés de colosses et un propylône complétement nu, qui confine au mur d’enceinte. N’oublions pas les obélisques : deux petits devant le temple rose, deux grands au milieu de la Galerie des colosses ; à la sortie de la Salle hypostyle, le plus beau de toute l’Égypte, œuvre d’une reine Amensé qui vivait au dix-septième siècle avant notre ère et se faisait appeler « le roi du peuple obéissant, la fille du soleil. »

Au nord, les Ptolémées avaient placé des avenues de béliers, des colosses et des propylées ; il ne reste de ces splendeurs qu’un colossal propylône aux riches sculptures parfaitement conservées. Au midi, près du Nil, et se reliant jadis par quatre pylônes et une double rangée de sphinx à la Salle hypostyle, se développent les restes imposants du temple de Kons ou grand temple du sud. C’est un édifice des dix-neuvième et vingtième dynasties ; les Ptolémées y ont mis la dernière main. Enfin Auguste a terminé un petit sanctuaire dédié par Évergète le Ventru à une Cléopatre, sa femme et sa sœur.

Karnak et Louqsor ne sont que la moitié de Thèbes. Sur la rive gauche, Mœris, Menephta, Aménophis, Sésostris et Rhamsès III ont construit de magnifiques demeures ; les rois éthiopiens, les Ptolémées, les Antonins, ont complété ou réparé l’œuvre de leurs devanciers. La butte de Médinet est formée par les ruines du temple-palais de Rhamsès III ; l’œil perdu au milieu des cours immenses, des colonnes et des colosses, des bas-reliefs et des hiéroglyphes qui célèbrent l’apothéose du pharaon, se repose sur les proportions plus modestes d’un petit hôtel précédé de deux pylônes et d’une cour étroite ; le grand pavillon du fond présente trois étages décorés avec goût, des balcons supportés par des cariatides engagées dans le mur à mi-corps ; les sculptures intérieures sont pleines de détails intimes et familiers. Là fut le gynécée de Rhamsès, troisième du nom. À quelque distance, au pied de la chaîne libyque, le palais de Sésostris, longtemps pris pour le tombeau d’Osymandyas, jonche le sol de ses colosses et de ses murailles. En avant, dans la plaine, se dressent deux statues assises de vingt mètres de haut, élevées par Aménophis au milieu du quartier funéraire des Memnomia ; l’une est le fameux colosse de Memnon, qui, si l’on en croit les inscriptions nombreuses de témoins auriculaires, rendait au point du jour des sons harmonieux. Plus loin et plus haut, au nord, Ménephta, père de Sésostris, a bâti le palais de Kourna, de proportions modestes mais exquises, et où Champollion a vu un précieux reste de la plus belle période de l’art égyptien.

Ânier.

La vallée funèbre où reposent les dynasties thébaine s’ouvre dans la montagne libyque et se dirige vers l’ouest ; c’est dans ces demeures occidentales que l’esprit symbolique des pontifes a placé l’amenthi, tribunal suprême où siége Osiris assisté de Thméi (Thémis), Horus, Apis et Anubis. C’est là, dans les entrailles de la montagne, que se réunissent les quarante-deux jurés, hommes-serpents, ibis, chacals ou crocodiles ; le mort est étendu sur une bari mystique, escortée de Nephtys et d’Isis ; au pied du trône d’Osiris est un monstre où se mêlent le lion, l’hippopotame et le crocodile.

D’ordinaire, les tombeaux complets sont ainsi conçus : une ouverture basse, étroite, dissimulée ; une pente roide aboutissant à une galerie spacieuse où des peintures merveilleusement fraîches rappellent les lois et les mœurs de ces temps reculés ; parfois dans les parois, de petites chambres où est traité un sujet spécial ; plus loin un pronaos, puis la salle funèbre, plus longue que large, voûtée en berceau, peinte sur toutes les faces, et au milieu, le sarcophage énorme souvent privé de sa momie qui dormait au fond de nombreuses enveloppes précieuses. Les rois dont le règne fut long ont les plus beaux hypogées, entre autres Ménephta, Rhamsès IV