Page:Le Tour du monde - 08.djvu/197

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frais et l’eau de notre premier séjour ! Là nous attendait la cessation du jeûne, ce martyre qui tuait nos malheureux chameliers. Nos animaux de transport devaient trouver à s’abreuver dans des eaux salubres et à pâturer dans des vallées abondantes en drinn ; nos malades étaient enlevés à ce climat malsain des chotts d’Ouargla, à ces milliers de moustiques qui les tracassaient, et à cette préoccupation résultant de leur éloignement de leur tribu. La route de Metlili à Géryville est souvent sillonnée par des voyageurs du M’zab ; elle est sûre ; les gens de Metlili sont connus dans nos tribus, chacun y possède un ami ; bref, nos gens n’étaient pas dépaysés. Aussi, dès le jour de notre arrivée, les fatigues paraissaient-elles oubliées, il semblait que nous étions arrivés à la terre promise. On se prépara à célébrer le lendemain la fête de l’Aïd-el-Seghir, la fin du rhamadan, et la nuit se passa gaiement dans cette attente.

Chambâa en prière. — Dessin de M. Alfred Couverchel.

Dès le lever de l’aurore, nos cavaliers étaient revêtus de leurs plus beaux vêtements, leurs chevaux étaient richement caparaçonnés ; chacun allait voir ses amis pour leur souhaiter une aïd-mebrouk, une heureuse fête. Bientôt arrivèrent les gens de l’oasis en habits de gala et armés, avec leurs marabouts à leur tête, leurs étendards, leur musique. Après les compliments, les félicitations mutuelles, à un signal donné tout le monde était à cheval et se rangeait pour la fantasia sous les murs de l’oasis et dans le lit de la rivière, afin que les femmes et les enfants pussent jouir de la vue de dessus les terrasses.

Je ne vous décrirai pas la fantasia, quoique du reste elle fût brillante. Nos cavaliers firent, comme d’ordinaire, une foule de charges à fond par petits groupes, en tirant de nombreux coups de fusil au moment où ils passaient en vue des femmes qui les accueillaient par leurs cris de joie.