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La maison du gouverneur, à Pangim ou Nova-Goa, côte de Malabar. — Dessin de Guiaud d’après l’album de M. É. Fleuriot de Langle.


VOYAGE AU MALABAR,

PAR M. LE CONTRE-AMIRAL FLEURIOT DE LANGLE.
1859. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




La corvette la Cordelière a visité la côte de Malabar en 1859 et 1860, sous le commandement de M. le vicomte A. Fleuriot de Langle, contre-amiral, alors capitaine de vaisseau commandant la division navale des côtes orientales d’Afrique. Les notes qui suivent ont été recueillies pendant cette croisière et les dessins ont été faits en grande partie par M. Émile Fleuriot de Langle, qui accompagnait son père en qualité de secrétaire.


I

Description de la côte du Malabar. — Chemin de fer indien.

La plus grande partie de la côte de Malabar est comprise dans la présidence du Bombay, qui s’étend depuis vingt-huit jusqu’à seize degrés de latitude nord ; le sud de cette côte ressortit administrativement de la présidence de Madras. Le climat est très-variable sur la côte du Malabar et les races n’y sont pas moins variées.

Le Sindh, dont les déserts sablonneux élèvent énormément la température, peut être comparé par son âpreté au climat de l’Afrique ; le thermomètre s’y tient pendant six mois à trente-trois ou trente-quatre degrés à l’ombre, et les eaux du fleuve sont rarement inférieures à la chaleur humaine. La division du nord est habitée par des races énergiques. La chaleur que l’on éprouve dans le Cutch et le Deckan est peu inférieure à celle que l’on ressent dans le Sindh ; les eaux y sont rares.

Le climat du Concan, du Canara et du Travancore est plus modéré ; l’immense quantité d’eau qui tombe pendant l’hivernage y maintient une végétation luxuriante et entretient partout une humidité d’où résultent souvent des fièvres : le choléra y est endémique.

Les races qui habitent la côte du sud sont plus molles que celles du nord.

Dès qu’on pénètre dans le Deckan, après avoir passé les chaînes des Ghâtes, on trouve ses hauts plateaux un climat très-agréable. Les Anglais fatigués des chaleurs de la côte y viennent respirer un air salubre qui leur rappelle celui de leur patrie.

La côte du Malabar est en général dépourvue de ports. Les hautes montagnes nommées Ghâtes interceptent les communications entre la mer et les plateaux du Maduré, du Mysore, du Deckan et du Maharasthra. Les eaux qui s’échappent des versants orientaux forment des fleuves qui fertilisent pendant leur long parcours des vallées immenses qu’elles arrosent, tandis que les rivières qui se déversent vers l’ouest sont torrentueuses, ont peu de parcours et sont souvent d’un difficile accès ; les barques d’un faible tirant d’eau peuvent seules les fréquenter. Cette conformation physique est cause que l’on ne compte sur une étendue de près de cinq cents lieues que trois ou quatre havres où les navires européens puissent trouver de l’abri lorsque la mousson