Page:Le Tour du monde - 09.djvu/121

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charrette attelée d’une mule qui le conduisait au supplice à travers les rangs pressés d’une immense multitude, il se contentait de secouer de temps en temps sa belle robe de soie que couvrait la poussière des rues, comme s’il allait rendre visite officielle à quelque grand personnage.

Comme tous les Orientaux, les Chinois sont doués au plus haut point du courage passif qui les rend indifférents à la mort.

Ainsi se termina, sans secousses populaires, cette révolution de palais, qui a eu pour résultat d’installer définitivement aux affaires le parti favorable aux idées nouvelles. Désormais les négociations allaient devenir faciles ; le prince de Kong était maître du gouvernement.

Cependant la position faite aux missionnaires catholiques par les derniers traités n’était rien moins qu’assurée. Or, pour la France, la question des missions absorbe presque toute l’importance politique.

Pékin : Porte du Yamoun ci-contre. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

On a dit avec raison que le gouvernement français agissait avec discernement en Chine en s’y plaçant sur le terrain religieux, et qu’il y avait acquis en influence, ce qu’il n’avait pu encore gagner sur le terrain commercial et industriel.

Malgré les traités, les autorités provinciales, s’autorisant d’un article du code des anciennes lois chinoises, prescrivaient dans leurs édits les rigoureuses pénalités portées depuis un siècle contre les chrétiens.

Il fallait à tout prix soustraire les chrétiens aux vexations et aux injustices dont ils étaient l’objet, et arrêter les persécutions qui se renouvelaient déjà dans l’intérieur de l’empire.

Le ministre de France comprit qu’un décret impérial témoignant hautement de la liberté de conscience, et ordonnant la destruction des tablettes du code pénal où étaient inscrites les lois persécutrices, était le seul moyen