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soutenir contre les peuplades voisines après sa division en tribus des Conibos, Sipibos, Schétibos, Cacibos, Chipeos[1] et Remos, la nation des Panos habitait, comme nous l’avons dit, les bords de la rivière de Sarayacu, où le P. Biedma, un des premiers explorateurs de l’Ucayali (1686), la vit en passant. Cent ans plus tard, les PP. Girbal et Marques qui continuaient l’œuvre de leur prédécesseur le P. Francisco de San José, en rétablissant les missions de l’Ucayali fondées par celui-ci en 1760 et que les néophytes avaient détruites en 1767, après un massacre général des missionnaires, les PP. Girbal et Marques qui catéchisèrent de nouveau la nation des Panos, évaluent ses forces à mille hommes, dont on peut sans scrupule retrancher la moitié.

Pano métis.

Ces Panos, chrétiens relaps, assassins et iconoclastes, furent reconquis au catholicisme par les missionnaires qui leur adjoignirent des Indiens Conibos riverains de l’Ucayali. En six ans, toute la nation des Panos reçut le baptême ; seule, une fraction minime des Conibos fut régénérée dans ses eaux[2]. Le plus grand nombre de ces derniers préfèrent le culte de la liberté et de

  1. Cette tribu riveraine de l’Ucayali, longtemps amie et alliée des Conibos, est éteinte depuis un demi-siècle.
  2. On nous saura gré, peut-être, de traduire ici au vol de la plume, quelques lignes d’une lettre adressée collectivement par les PP. Girbal et Marques, au P. gardien du collége apostolique d’Ocopa.

    Cette lettre, relative à la réédification des Missions détruites et à leurs commencements, porte la date du 3 avril 1792.

    « … Les Conibos nous ont déclaré qu’ils veulent vivre séparés des Panos, non pas dans les environs de Sarayacu, mais sur une île de l’Ucayali, située à une petite distance de la Mission. Ils donnent pour prétexte à cette détermination, la nécessité de tirer parti des défrichements qu’ils ont faits déjà sur cette île. Mais le véritable motif de cette mesure est une jalousie secrète et l’effet de leur inimitié pour les Panos, avec lesquels ils gardent néanmoins les apparences d’une bonne harmonie…

    Nos chers Panos sont assez tranquilles. Nous sommes parvenus à obtenir d’eux que les enfants de sept ans à treize, vinssent chaque jour dire la prière au couvent. Quelques-uns savent déjà le Pater Noster et le Credo. Les adultes assistent à la messe et au Salve, bien qu’avec un peu de contrainte. Nous avons beaucoup de peine à les faire agenouiller pendant la consécration. Enfin ne nous plaignons pas trop. La moisson d’infidèles est abondante et se présente bien. Une partie est déjà mûre, l’autre en train de mûrir.

    Pour la récolter en entier et ramener à Dieu toute cette gentilité (aquel gentilismo), il nous faudrait certaines choses qui nous manquent ou qui vont nous manquer. Envoyez-les-nous ; Dieu et notre bienheureux P. saint François sauront le reconnaître… Vous trouverez jointe à notre lettre la note de ces objets… 400 haches. — 600 coutelas, — 2 000 couteaux droits, — 1 000 couteaux courbes, — 4 quintaux de fer, — 50 livres d’acier, — 12 livres de petits hameçons, — 8 000 aiguilles, — 1 caisse