Page:Le Tour du monde - 10.djvu/349

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pas demandé mieux que de me suivre, si j’avais pu les y conduire, jusqu’au fond des solitudes abruptes où les habitants de Bundari avait cherché refuge. Mais d’une part je ne savais dans quelle direction marcher contre ces derniers, puis les provisions manquaient et l’état sanitaire empirait de jour en jour. Il fallut donc, après avoir vu échouer tout espoir de négociation, — et j’étais allé jusqu’à offrir une amnistie complète pour tous les crimes passés, — il fallut, dis-je, avoir recours à un acte décisif pour empêcher, si faire se pouvait, que les quatre Mériahs emmenées par les habitants de Bundari ne fussent immolées à leur tour. J’ordonnai, quoiqu’à regret, l’incendie du village et la destruction de huit poteaux qui avaient servi aux sacrifices antérieurs[1].

Indigènes du Khondistan. — Dessin de Castelli d’après sir John Campbell.

Je retrouve dans mes notes de cette époque ce fait assez curieux que quatre montagnards khonds épris d’autant de femmes mériahs vinrent avec elles chercher asile dans mon camp, préférant ainsi quitter leur pays et leurs familles, plutôt que de faire courir à leurs femmes, plus ou moins légitimes et aux enfants qu’ils avaient d’elles, le risque de tomber sous le couteau des prêtres.

  1. Le couteau du sacrificateur et l’un des poteaux dont je viens de parler, conservés par moi comme reliques, font aujourd’hui partie de la collection indienne du Cristal-Palace.