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méthode bien connue des métallurgistes, et désignée sous le nom de méthode galloise, il faut en effet jusqu’à seize tonnes de houille avec des minerais d’une teneur de dix à douze pour cent (c’est la richesse moyenne en cuivre des minerais traités à Swansea) pour obtenir une tonne de métal. Il est donc plus profitable, on le voit, de porter le minerai au charbon que le charbon au minerai. Dans le Cornouailles, dans le Devon, les mines de cuivre ont, en outre, l’avantage d’échanger leurs produits contre du charbon nécessaire à la marche de leurs machines d’épuisement (voir le voyage aux mines de Cornouailles). Enfin, dans tous les autres pays que j’ai cités, on échange également contre du charbon dont on manque le minerai cuivreux qu’on produit en abondance.

C’est ce commerce du minerai de cuivre et de la houille, joint au traitement métallurgique du minerai lui-même, qui a donné à Swansea l’importance qu’elle a aujourd’hui. Cette importance n’a échappé à aucun des voyageurs que l’étude des mines et de la métallurgie attire chaque année à Swansea. D’illustres ingénieurs, MM. Élie de Beaumont, Perdonnet et Le Play, ont des premiers en France étudié d’une façon très-nette et très-élevée les diverses industries du pays de Galles. « Voyez Swansea, s’écrie à son tour notre excellent maître, M. A. Burat, son nom poétique n’est pour rien dans sa prospérité[1]. Autrefois, sous son premier patronage, elle était inconnue ; aujourd’hui c’est la grande ville des fondeurs. C’est elle qui envoie ses navires doubler le cap Horn pour rapporter les minerais du Chili ; c’est pour elle, c’est pour enrichir ses lords que travaillent les nègres de Cuba et les populations libres de Coquimbo ou de la Paz ; et c’est uniquement à la houille qu’elle doit cette puissance[2].

Le maître a raison. Si la houille n’avait pas existé à Swansea, Swanses n’eût pas importé les minerais de


Le port de Cardiff. — Dessin de Durand-Brager.


cuivre pour les fondre, et ne serait jamais devenue la cité florissante qui existe aujourd’hui ; tandis que, grâce au charbon, ses navires font le tour du globe, traversant le monde sur tout un méridien, pour venir verser au pied des fours des usines galloises les minerais de cuivre en retour de la houille.

La rade, le port, les docks, le canal de Swansea, les environs eux-mêmes de la ville couronnés de collines, et s’étendant autour d’une large baie, sont intéressants à visiter. On se plaît aussi à parcourir la ville, percée de belles rues, égayée par quelques monuments modernes, et entourée, dans les faubourgs, suivant l’usage anglais, de gracieuses maisons de plaisance et de jolis jardins.

Au delà de la baie de Swansea finit le canal de Bristol. Alors s’ouvre sur l’Atlantique la baie de Carmarthen bien plus vaste que sa voisine, puis la rade de Milford, enfonçant au milieu des terres ses dentelures opposées : on dirait les deux bords d’un grand fleuve. C’est la façade des Galles sur l’océan, rivages brumeux et pittoresques, au climat tempéré ; mais n’allons pas trop nous égarer sur ces poétiques plages et revenons vers Swansea où nous attendent les fondeurs de cuivre.


II

LES USINES À CUIVRE DE SWANSEA.


L’usine Vivian. — Sévérité pour les visiteurs. — Vapeurs empestées. — Le traitement métallurgique. — Grillage du minerai, fusion et grillage des mattes. — Raffinage et essai du cuivre. — Laminage. — Le marteau-pilori. — Un tour d’Anglais. — Fabrication des fils et des clous de cuivre. — Le laiton ou cuivre jaune. — Le cuivre argentifère. — Les fondeurs de Swansea. — Coup d’œil sur les houillères.

Entre toutes les usines de Swansea, la plus célèbre, la plus complète, celle qui occupe le plus d’ouvriers, est

  1. Swansea, en anglais, la mer du cygne.
  2. A. Burat, Géologie appliquée.