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Vue de Messine. — Dessin de H. Clerget d’après une photographie de MM. Sommer et Behles.


LA SICILE ET L’ÉRUPTION DE L’ETNA EN 1865.

RÉCIT DE VOYAGE PAR M. ÉLISÉE RECLUS[1].


TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




LES ÎLES ÉOLIENNES.


La péninsule et la ville de Milazzo. — Traversée nocturne de Milazzo à Volcano. — Cratères et fumerolles. — Le brigand de la Calabre. — La ville de Lipari. — Le Monte Bianco. — Stromboli.

La péninsule de Milazzo était sans aucun doute, à une époque géologique antérieure, détachée de la Sicile. C’est un rempart de granit qui se prolonge perpendiculairement à la côte et dont l’extrémité septentrionale se recourbe légèrement vers l’ouest. Cette muraille, projetée à dix kilomètres en pleine mer, offre une hauteur à peu près uniforme dans toute son étendue ; seulement trois monticules, situés l’un au centre, les deux autres aux extrémités de la péninsule, rompent la ligne horizontale que dessine l’arête supérieure du plateau. De ces trois buttes disposées régulièrement sur la longueur de la presqu’île, l’une, celle du midi, est enfermée dans les murs de la citadelle de Milazzo ; l’autre, qui se dresse à l’extrémité du cap, est couronnée d’un phare de premier ordre ; la principale, qui s’élève au milieu, était jadis consacrée à Vénus et porte maintenant une petite chapelle dédiée au Saint-Esprit. Sur tout son pourtour la péninsule est coupée de falaises, dont quelques-unes, surplombant les vagues de la mer, sont percées de cavernes profondes. Une de ces grottes traverse, dit-on, le rocher de part en part en un endroit où il n’a pas moins d’un kilomètre de largeur ; une autre, qui s’ouvre au-dessous de la citadelle, ne serait rien moins que l’étable où, du temps d’Ulysse et de ses compagnons, les bœufs du Soleil se retiraient pendant les nuits. On l’appelle grotte d’Ulysse ou grotte de Polyphème. Les légendes commencent à se brouiller dans l’imagination populaire.

Jusqu’au moyen âge, la ville de Milazzo se trouvait sur la partie élevée de la péninsule, mais comme toutes les cités voisines, elle descendit par degrés du haut de son rocher et finit par s’établir dans l’isthme bas et sablonneux qui rejoint l’ancienne île à la terre ferme. Du reste, on n’a pas découvert le moindre débris de l’antiquité grecque sur l’emplacement occupé autrefois par Mylæ, et bientôt ce site prendra un aspect des plus

  1. Suite. — voy. page 353.