Page:Le Tour du monde - 14.djvu/167

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siroco, simoun ou kramsine, suivant son degré de violence et les pays où il se produit, vient toujours d’une région aride et brûlante, dont la vive réverbération, que rien ne tempère, l’échauffe puissamment. Mais, à mesure que l’on avance dans des contrées où la végétation reprend son empire, les chaleurs exceptionnelles s’atténuent (sauf la quantité de chaleur ambiante relative à la latitude) en raison même de la plus ou moins grande épaisseur du tapis végétal qui s’oppose au développement du calorique.

Le lendemain, nous voguions sur le fleuve, la journée était radieuse. Les oiseaux sautillaient dans les arbres qui se penchaient vers le fleuve ; ils faisaient entendre, je ne dirai pas des chants mélodieux, mais des cris joyeux ; ceux des espèces aquatiques faisaient de longues enjambées sur la plage, regardaient l’eau couler ou battaient de l’aile au soleil du matin ; d’autres se miraient dans des flaques d’eau tranquille entre les grèves. Des singes couraient, de la forêt à la rive, de la rive à la forêt ; puis, gravissant lestement sur les arbres, se mettaient à secouer vivement les branches qui les portaient, comme pour nous dire : pourquoi venez-vous là nous déranger ? Ils grimaçaient, faisaient claquer leurs dents et s’éloignaient, s’ils nous trouvaient trop près d’eux. Les perruches mêlaient leurs cris a ceux des singes ; d’autres oiseaux au brillant plumage planaient sur nos têtes ou voletaient çà et là ; toute la nature semblait heureuse, tout était allégresse et mouvement ; un incident attrista tout à coup ce tableau.


Bords du Nil à Abou-Hamed. — Dessin de Karl Girardet.
Nous vîmes venir devant nous quelque chose de sombre, de la grandeur d’un homme, flottant sur l’eau