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n’était plus facile que de comparer et discerner les deux types.

Cette première division étant rétablie par nos recherches personnelles nous n’avons pas à insister sur les deux autres, berbère et arabe, qui sont généralement admises. Les Berbers durent céder une partie des contrées qu’ils occupaient en Éthiopie, lors des invasions arabes. À ces tribus berbères il faut ajouter les Knouz, Barabras ou Abadie, Bicharrys, etc., les Chellalys, les Mabas et les Danaglahs, répandus sur les bords du Nil depuis la seconde cataracte jusqu’au Dongolah ; puis les Mitkinahs, les Soukinas habitant le Taka. Les idiomes de tous ces peuples berbères paraissent procéder d’une langue commune qui fut probablement celle de l’antique Égypte divisée en deux rameaux, libyque et linotique ou éthiopique, langues développées sous l’influence de formes sémitiques. Les idiomes des populations berbères des bords du Nil, depuis les Knouz jusqu’aux Berberys, ont non-seulement une grande analogie avec celui des Bicharrys, mais encore avec ceux des populations africaines de Taka et des bords de la mer Rouge. Ces populations, quoique converties à l’islamisme, ignorent la langue arabe.

Scène d’esclavage : La mère abandonnée. — Dessin de Karl Girardet.

Les Arabes, troisième grande famille d’origine sémitique du Soudan, proviennent de diverses émigrations de l’Arabie ; les unes fuyant le mahométisme à son aurore, les autres l’apportant ensuite et l’imposant à l’Afrique septentrionale et au Soudan.

Une remarque digne d’intérêt, c’est que dans l’ensemble de ces trois grandes familles de race sémitique que l’on trouve au Soudan, le teint est plus ou moins foncé en raison même de l’ancienneté de leur séjour dans ces régions voisines de la Nigritie. Ainsi les Arabes les plus récemment arrivés sur ce sol ont le teint presque aussi clair que dans leur ancien pays ; ceux qui proviennent des premières émigrations sont plus foncés. Les Berbères sont déjà très-foncés, et enfin les Fouts, Fouls, ou Founs, le sont tellement que les observateurs superficiels les confondent souvent avec les nègres[1].

Trémeaux.



  1. Voir pour plus de détails : Voyage en Éthiopie, etc., par P. Trémeaux, deux vol. in-8o, avec atlas. Paris, Hachette.