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la tête massive, à la face aplatie, que les Japonais désignent sous le nom d’Aïnos, « les premiers hommes ; » quelquefois même on en retrouve le type parmi eux, dans la classe des paysans, des pêcheurs, des bateliers, des portefaix. Ce qui semblerait indiquer que les Aïnos ont formé la souche primitive de la population du Japon, c’est que leur nom n’emporte dans ce pays aucune idée de mépris : l’équivalent du terme de barbares existe aussi dans la langue japonaise, mais c’est le nom de « yébis, » jamais celui d’aïnos.

Il paraît donc que, à l’époque des conquêtes de Zinmou, cette race primitive avait été déjà subjuguée ou en partie refoulée par les chefs des immigrations antérieures, et que celles-ci, de leur c-ôté, durent subir la loi de cette dernière invasion, en raison de la supériorité de culture qui lui donnait l’avantage à leur égard.

L’on ne peut d’ailleurs que se borner à ces observations, car c’est en vain que l’on essayerait de décomposer les divers éléments qui ont concouru à la formation du caractère national des Japonais. Tout ce que je dirai pour terminer cette digression, c’est que la civilisation japonaise ne me semble point être le résultat d’une simple importation. Elle est plutôt l’effet d’une fusion de l’élément indigène avec des éléments étrangers. Il y a eu mélange de races sans absorption des qualités natives. Chez les insulaires de l’extrême Orient, comme chez les insulaires de la Grande-Bretagne, l’alliage a produit un type nouveau, d’une indélébile originalité.

Ancien guerrier.
Ancien archer.

Quand Zinmou, le divin guerrier, toucha au terme de son ambition, sept années s’étaient écoulées depuis son départ de Kiousiou, et de combien de peines, de fatigues, de souffrances de tout genre n’avaient-elles pas été accompagnées ! Ses trois frères périrent sous ses yeux, le premier percé d’une flèche au siége d’une forteresse, les deux autres victimes de leur dévouement, car ils se précipitèrent dans la mer pour apaiser une tempête qui menaçait d’engloutir la jonque du conquérant.

D’un autre côté, le soleil se montra toujours favorable à ses entreprises. Il dut à cette divinité protectrice de ne pas s’égarer dans les dangereux défilés de Yamato. Un corbeau qu’elle lui dépêcha au moment critique lui servit de guide pour le tirer de ce mauvais pas.

La contrée de Yamato occupe dans la partie sud-est de Nippon le centre d’une grande presqu’île baignée par les eaux de la mer intérieure et celles de l’Océan.

C’est là que Zinmou construisit un vaste château fort,