Page:Le Tour du monde - 15.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En 1637[1], quand le Portugais Pedro Teixeira remonta le cours de l’Amazone, quatre nations puissantes : les Sorimaos, les Curucicuris, les Umaüas et les Yurimaos occupaient la partie du fleuve comprise entre le Rio Negro et le Javari. Sur cette étendue, onze tributaires, en y joignant les deux affluents précités, que le même fleuve reçoit par la droite et la gauche, étaient habités par quatre-vingt-dix-huit nations.

Établies sur les rivages et sur les îles du Haut-Amazone, les quatre nations que nous venons de mentionner vivaient en paix entre elles ; s’il leur arrivait de guerroyer, c’était contre quelque nation de l’intérieur et par suite d’une invasion ou d’un empiétement de celle-ci sur la partie du fleuve dont les premières semblaient s’être arrogé le monopole.


La conduite après déjeuner.

Au retour de Pedro Teixeira, l’asservissement des Peaux-Rouges fut décrété. La relation pompeuse de son voyage à Quito avait mis le gouvernement portugais du Para en goût de civilisation ; des villages et des missions ne tardèrent pas à s’élever sur le Haut-Amazone. Pour les peupler, on recourut aux naturels de la contrée, qu’on baptisa, qu’on habilla d’une chemise par respect pour les mœurs, et qu’on répartit sur les points nouvellement fondés. Les quatre nations, échelonnées sur le fleuve subirent les premières le joug des conquérants ; bientôt on leur adjoignit d’autres nations tirées de l’intérieur des rivières voisines. À mesure que le nombre des villes et des villages allait en augmentant, le chiffre de la population indigène alla diminuant. Le brusque passage d’une indépendance absolue à une entière servitude, le choix d’une alimentation dont le poisson salé formait la base, les travaux de tout genre et les corvées de toute espèce, sans oublier les maladies venues à la suite des conquérants, toutes ces causes agissant de concert, expliquent suffisamment la diminution rapide des indigènes.

Paul Marcoy.

(La suite à une autre livraison.)



  1. Si nous prenons cette date pour point de départ, bien que depuis 1615 les États réunis de Marañhao et du Para fussent régis par un pouvoir régulier, et qu’en 1620 une partie du Bas-Amazone fût déjà connue et ses indigènes féodalement exploités, c’est que cette date inaugure la première exploration du cours supérieur du fleuve faite par les conquérants portugais.