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Page:Le Tour du monde - 15.djvu/290

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sang, à déposer ses pouvoirs aussitôt que l’héritier présomptif serait en âge de monter sur le trône. Il ferma les yeux à Taïkosama, lui fit de magnifiques obsèques et gouverna pendant cinq ans le Japon sous le titre de régent, en s’appliquant à éloigner systématiquement des affaires le jeune Siogoun. Mais celui-ci avait des conseillers, qui devinaient où Hiéyas en voulait venir, et savaient susciter toutes sortes d’obstacles à la réalisation de ses plans ambitieux. Hiéyas les somma de lui livrer le château fort d’Osaka, où ils avaient établi la résidence de son gendre. Sur leur refus il investit cette place. Après plusieurs mois d’une héroïque résistance, la garnison dut capituler. Fidé-Yori, mettant de ses propres mains le feu à son palais, se précipita dans les flammes avec ses serviteurs.


Coureur impérial, porteur de dépêches. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.

Hiéyas, proclamé siogoun, justifia son parjure et la fin tragique de Fidé-Yori en accusant ce prince d’avoir secrètement pactisé avec les chrétiens. L’armée lui prêta le serment de fidélité. Le mikado sanctionna son usurpation. Le peuple se prosterna sur son passage avec la docilité de l’esclave.


Le Tokaïdo. — Les abords de Yédo. — Sinagawa.

D’après un dicton japonais, il faut, pour être heureux aller vivre à Yédo. À ce compte, le bonheur n’est pas chose facile pour les Européens établis au Japon. Les agents diplomatiques jouissent seuls du droit de résider au siége du gouvernement du Taïkoun, et deux ou trois années d’expérience des conditions attachées à l’exercioe de ce privilége, les ont tous déterminés à transporter leur domicile réel à Yokohama, y rapportant l’impression d’avoir été traités à peu près comme des prisonniers d’État de haute distinction. Mais, en dépit de cette politique revêche, et malgré les ennuis d’un espionnage continuel, que