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Page:Le Tour du monde - 15.djvu/348

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voiture est celle de Plombières aux forges de la Sémouse. On sort de Plombières par la route dite de Saint-Loup. On arrive à Aillevillers, et là, comme on est à une très-courte distance de Saint-Loup, on pousse jusqu’à cette bourgade pour visiter un paysan qui a appris seul l’horlogerie, a fabriqué l’horloge de la cathédrale de Besançon et a inventé, dans ses moments perdus, des réveils-matin d’une simplicité admirable, des compteurs pour les voitures de place, etc.

Cette visite terminée, on quitte Saint-Loup, on revient sur ses pas, on repasse par Aillevillers, puis on se dirige vers la belle vallée de la Sémouse, sur le chemin de laquelle se trouvent des forges considérables, dont les propriétaires sont pleins de courtoisie à l’égard des touristes ; il suffit qu’un étranger demande à visiter leurs usines pour qu’il en voie s’ouvrir immédiatement devant lui les portes hospitalières.


Cascade de Faymont. — Dessin de H. Clerget d’après nature.


Après qu’on a parcouru les forges, on remonte en voiture et l’on revient à Plombières par la route d’Épinal, d’où vous apercevez le clocher de Bellefontaine. Ce riche village, autour duquel se groupent des moulins à farine, des forges, des étangs très-poissonneux, a une superficie qui dépasse 15 hectares ; il doit son nom à une fontaine limpide et charmante située dans un pré au bas de l’église ; autrefois ou attribuait à son eau quelques propriétés médicales. Les eaux de Plombières ont fait oublier les vertus de l’eau de Bellefontaine.

Quand on va voir ce village, ce n’est plus pour sa fontaine, c’est pour son église, dont la construction remonte aux premières années du onzième siècle.

La rentrée à Plombières se fait par la rampe de la route d’Épinal, autrefois impossible, mais dont le roi Stanislas a fait adoucir la pente. De cette rampe, on jouit du coup d’œil le plus pittoresque ; on a sous ses pieds Plombières, ses coteaux, ses jardins suspendus, ses prairies égayées par quelques maisonnettes rouges ; en un mot, l’admirable panorama dont on jouit du haut de Bellevue.


Excursion à Remiremont. — Le Saint-Mont. — Le Pont des Fées. — Le Calvaire. — Industrie de Remiremont.

De Plombières à Remiremont, on compte environ treize kilomètres. C’est déjà un petit voyage, surtout pour les baigneurs qui ont hâte de prendre, sans interruption, le nombre sacramentel des bains et des douches.

Après avoir suivi quelque temps les hauteurs qui séparent Plombières de Remiremont, on arrive à leur versant nord-est, d’où l’on aperçoit cette dernière ville, au milieu de belles prairies sillonnées par de nombreux cours d’eau qui vont se réunir à la Moselle, dont les eaux vives et transparentes animent ce charmant vallon. Au fond du tableau se développe une ceinture de montagnes ornées de beaux arbres, parmi lesquels domine le sombre feuillage du sapin.

La ville de Remiremont, dit M. Friry, bâtie sur les bords d’un vaste amphithéâtre, s’abrite humblement, mais non sans grâce, dans l’intervalle spacieux qui sépare deux montagnes ; elle est défendue au nord, du côté de la plaine, par des amoncellements de terre et de sable, connus dans le pays sous le nom de rangs ou tertres, et qui simulent de loin une sorte de fortification à la moderne. Il est difficile d’imaginer un lieu qui respire à un égal degré le calme et le bonheur de la retraite.

Autrefois, Remiremont était protégé par une muraille au pied de laquelle s’étendait un large fossé ; aujourd’hui la muraille a disparu et le fossé est remplacé par de jolis jardins. Régulièrement bâtie, elle est percée de rues bien tracées, où de nombreuses fontaines entretiennent une propreté remarquable. La rue principale, qui conduit à la place ou s’élèvent l’église abbatiale et le palais de l’abbesse, doit aux arcades massives qui la bordent de tous côtés (disposition architecturale qu’on retrouve dans la plupart des anciennes villes lorraines) un caractère sinon monumental, du moins ori-