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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/129

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Le schooner les États-Unis hivernant au port Foulke. — Dessin de Jules Noël d’après M. Hayes.


VOYAGE À LA MER LIBRE DU PÔLE ARCTIQUE,


PAR LE DOCTEUR J. J. HAYES, CHIRURGIEN DE LA MARINE DES ÉTATS-UNIS[1].


1860-1862. — TRADUCTION ET DESSINS INÉDITS.


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Port Foulke. — Préparatifs d’hivernage. — Travaux variés. — Le coucher du soleil. — Nos attelages. — Chasse. — Visite au lac Alida et au « Glacier de mon frère Jean. » — Excursion sur la mer de glace. — Le premier campement. — Escalade et description du glacier. — Froid et péril. — Le clair de lune.

En l’honneur de mon ami, feu William Parker Foulke de Philadelphie, un des premiers avocats et des plus utiles soutiens de mon entreprise, notre lieu de refuge reçut le nom de Port Foulke. C’est une petite anse bien abritée de tous les vents, si ce n’est de celui du sud-ouest, mais nos récentes aventures ne nous avaient pas appris à redouter ce dernier, et un groupe d’icebergs, échoués à l’entrée du port, nous défendait des champs de glace flottante. J’aurais certainement préféré Fog Inlet (le Havre des Brouillards), où, sous tous les rapports, nous nous fussions trouvés mieux que le docteur Kane à Port van Rensselaer, et où il n’était pas probable que les glaces nous eussent retenus beaucoup plus longtemps qu’à Port Foulke ; mais nous n’avions pas la liberté du choix. Nous avions, du moins, la certitude de pouvoir nous échapper de bonne heure de notre prison l’été suivant et de ne pas y laisser notre goëlette prise au piége, comme le navire l’Advance l’avait été au port de Rensselaer ; en outre, le gibier paraissait abondant, et cette ressource n’était pas à dédaigner.

À quinze kilomètres nord-est du cap Alexandre, nos quartiers d’hiver étaient éloignés de ceux du docteur Kane de trente-six seulement en latitude et de cent cinquante en contournant les côtes. Port Foulke est une petite crique bien enfoncée dans une chaîne de rochers escarpés, à l’aspect lugubre, aux falaises de syénite d’un brun rouge sombre ; au fond de la baie, cette chaîne est interrompue par une série de terrasses. Elle se termine à une de ses extrémités par trois petits îlots qui figurent dans mon journal sous le nom des Trois-Jouvenceaux, et qui portent sur ma carte ceux de Knorr, Radcliffe et Starr.

Je n’attendis pas que la glace se fût entièrement refermée derrière nous pour m’occuper de tout organiser

  1. Suite. — Voy. p. 113.