avec moi, est de forme ovale, en écaille, assez épaisse et profonde. Sur le couvercle est fixé un médaillon de pacotille, peinture copiée sur la Vierge à la chaise de Raphaël, dont l’original est au palais Pitti.
Au moment où nous allions franchir le seuil de l’église, afin sans doute de me préserver jusqu’au bout d’une tentation d’infidélité à ma promesse de ne pas me détourner, l’abbé me tirant par le bras reprit : « Laissez-moi vous dire, avant d’entrer, que Baccio Pintelli de Florence, mort en 1480, a reconstruit aux frais de Ferdinand IV d’Espagne l’église de San-Pietro in Montorio pour des récollets à qui on l’avait cédée. »
Mais ceci ne m’intéressa guère, et pour cause.
En dépit de mes efforts pour réprimer la curiosité perdit la femme de Loth et ne point encourir sur cette terre de miracles le risque d’être changé en sel gemme, j’avais reçu un tel éblouissement en m’efforçant de ne pas regarder du haut de la terrasse le panorama de Rome et de ses campagnes, que je n’apportai d’abord qu’une attention distraite à l’examen de cette petite église. Elle contient d’ailleurs, dans sa nef unique, une profusion de ces belles œuvres tant de sculpture que de peinture dues à des maîtres secondaires, qu’on n’arrive pas à apprécier avant d’avoir acclimaté et peut-être asservi son goût à subir certaines qualités traditionnelles.
On ne peut cependant se défendre d’admirer là un
des bons ouvrages de Sébastien del Piombo, la Flagellation du Christ. L’œuvre passe pour exécutée d’après
un carton de Michel-Ange : le style en est élevé
sans être violent ni dur ; la peinture, d’une qualité
très-profonde, serait plus aisément appréciée si la petite
chapelle qui lui donne asile était moins sombre.
Le Panthéon d’Agrippa. — Dessin de Catenacci d’après une photographie.
C’est au maître-autel de Saint-Pierre in Montorio que
se trouvait avant nos campagnes d’Italie la Transfiguration
de Raphaël, œuvre en grand renom d’un peintre
qu’elle représente livré aux ambitions de sa troisième
manière : aussi s’était-on empressé d’envoyer cette toile
au Louvre, qui l’a rendue en 1815. Elle est depuis
lors au Vatican. J’ai dû remarquer à Saint-Pierre la
chapelle sépulcrale de la famille Del Monte, par l’Ammanato,
qui y a sculpté quelques belles figures, celle
de la Justice entre autres, qui offre cette particularité
peu connue d’avoir été prise sur le même modèle que
la statue renommée de G. della Porta au tombeau de
Paul III, dans la basilique vaticane. C’est cette figure
trop séduisante, dont il a fallu costumer les carnations
marmoréennes d’une défroque de zinc ou de fer-blanc,
à cause de certains Anglais qui, la voyant si froide,
et bien certains qu’elle ne vivait pas, en devenaient
amoureux.
Mentionnons pour mémoire un petit temple rond, environné de seize colonnes de marbre gris et surmonté d’une coupole. Ferdinand et Isabelle l’ont fait poser par Bramante à l’endroit même où Saint-Pierre fut, dit-on, crucifié. On vous donnera contre quelque aumône une prise ou même un cornet de la poussière de ce lieu. Je scandalisai mon compagnon en considérant ce petit objet comme un bel exemple de ces architectures correctes que les Joseph Prud’homme de l’art ont consacrés. Rien ne s’adapte plus mal à un si grand souvenir et ne messied autant à cette place où Néron fit planter la croix du premier des papes, que ce prototype des belvédères qui dans nos jardins anglais, sous Louis XVI, ont aux sommets des pelouses préparé des repos aux Aspasies du Directoire.
Nous restâmes assis longtemps dans cette nef pimpante, proprette et dont j’aurais cru la construction plus récente qu’elle ne l’est en réalité, méprise sou-