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Page:Le Tour du monde - 17.djvu/379

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celle des magistrats ; enfin, la juridiction épiscopale appliquée à presque toutes les matières civiles est affranchie de tout recours d’appel. L’évêque devenait un préfet du prétoire.

À la suite de ces dispositions qui nous sont transmises par les Codes Théodosien et Justinien, les évêques et au-dessous d’eux les clercs administrateurs des quartiers ou régions consumaient leurs jours à arbitrer des procès, au détriment de l’instruction religieuse des fidèles. Loin d’être flatté de ce surcroît de puissance, saint Augustin déplore une corvée superbe « qui, dévorant des heures réclamées par les affaires divines, le contraint à vivre dans le bruit odieux de la chicane. »

Ces magistrats sacerdotaux occupèrent donc la plupart des anciennes basiliques : le clergé s’en appropria sans doute une partie dont il fit des églises, et plusieurs d’entre elles ont dû continuer à tenir lieu de tribunaux.

De là le grand nombre des temples qui ont revendiqué comme une marque d’honneur et d’antériorité ce titre de Basiliques, restreint de nos jours ainsi que les priviléges, indulgences et faveurs pontificales sur lesquels la prééminence est étayée, à treize églises qui répondent au chiffre des apôtres en y comprenant saint Mathias substitué à Judas, et saint Paul admis dans le collége apostolique après l’Ascension du Christ.

Mais entre ces treize édifices il faut distinguer d’abord sept Basiliques primitives ou Constantiniennes qui sont, ou plutôt qui étaient : Saint-Jean de Latran, Saint-Pierre au Vatican, Saint-Paul hors des murs, Sainte-Croix en Jérusalem, Saint-Laurent hors des murs, Sainte-Agnès hors la porte Nomentana, et les Saints-Marcellin-et-Pierre sur la via Labanica.

Sainte-Agnès, Saints-Marcellin-et-Pierre, ayant été remplacées par Sainte-Marie-Majeure et Saint-Sébastien, ces deux églises, avec les cinq autres, constituent les Sept Basiliques Majeures de Rome. « Elles sont au nombre de sept, dit un historien, pour répondre aux sept collines, leurs autels étant les sept montagnes fortifiées de l’Église. » À la bonne heure : mais je préfère cette autre explication, de Panvini si je ne m’abuse, qui croit les Sept Basiliques instituées pour figurer les sept églises mentionnées dans l’Apocalypse, à savoir : Éphèse, Smyrne, Pergame, Tyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée.

Les Basiliques Mineures, Santa-Maria in Trastevere, San-Lorenzo in Damaso, Santa-Maria in Cosmedin, Santi-Apostoli, San-Pietro in Vincoli et Santa-Maria in Monte-Santo, ne sont donc en réalité des basiliques que par assimilation : elles ont été anoblies.

Ce n’est pas tout : entre les Sept Basiliques Majeures se classent à. part et occupent un rang supérieur Cinq Basiliques Patriarcales dont la signification est plus frappante. Onofrio Panvini va nous aider à la trouver : « C’est la prérogative singulière du chef de l’Église universelle que d’avoir, outre son siége pontifical, quatre autres églises où il a coutume d’officier comme s’il était le cardinal-évêque de chacune d’elles. Il y exerce la pleine juridiction pontificale aux fêtes titulaires de ces églises, comme dans des cathédrales qui lui sont propres. »

Mais pourquoi ces cinq cathédrales ? Pour constater la souveraineté du Pontifex Maximus de Rome sur tous les évêchés du monde, représentés par les grands patriarcats qui jadis ont formé des églises distinctes. Saint-Laurent hors les murs est l’église du patriarcat de Jérusalem ; Sainte-Marie-Majeure représente l’église d’Antioche, Saint-Paul celle d’Alexandrie, Saint-Pierre au Vatican celle de Constantinople.

Les trois dernières ont en outre la prérogative de posséder la Porte-Sainte. C’est une entrée de l’église constamment murée, hormis durant les jubilés, à l’inauguration desquels elle est ouverte par le souverain Pontife, qui la frappe d’un marteau d’or. Ce privilége de la Porta Santa, les trois églises que j’ai désignées se font honneur de le partager avec Saint-Jean de Latran, clef de voûte de cet édifice ecclésiastique, première Basilique chrétienne de fondation impériale, reine des Cathédrales romaines, Métropole du premier des évêchés, siége du Patriarcat de l’Occident et du monde.

La déduction de ce vénérable nobiliaire fait comprendre qu’il est bienséant d’aller saluer la Basilique de San-Paolo fuori le mura.




Cependant un enfant du Nord, un peu archéologue parfois et raisonneur toujours, se défendra malaisément de regretter en pénétrant dans Saint-Paul que la piété des fidèles envers des traditions sacrées les ait conduits à ressusciter ce qu’avait frappé le temps, à remplacer ce qu’une catastrophe était venue ériger en ruine. La nouvelle église est splendide ; on y a entassé les plus précieux matériaux ; elle coûte à la chrétienté des millions : tant de frais et d’efforts n’aboutissent qu’à rappeler tristement la plus antique Basilique du monde, fondée par Constantin sur le tombeau de saint Paul, rebâtie avec magnificence de 386 à 392 par les empereurs Valentinien, Théodose, Arcadius et Honorius, préservée pendant quinze siècles, et incendiée en 1823 par des plombiers maladroits.

Elle a été relevée sur le même plan, au même lieu, à l’angle de cette colline que l’on a coupée pour dégager de sa catacombe le monument de l’apôtre Paul. En parcourant ces cinq nefs aux colonnades superbes, reflétées comme au miroir d’un lac dans le dallage poli des marbres découpés en arabesques, parviendrait-on jamais à oublier les grandes mosaïques de Nicolas III, les portes de bronze qu’au onzième siècle le consul Castelli avait fait venir de Byzance, les quatre-vingts colonnes géantes de Paros, de brèche violette et de pentélique, dépouilles de la basilique Émilienne qui étayaient l’édifice sur une forêt de joyaux ; et ces peintures de l’an mille, et ce pavage de mosaïque