Aller au contenu

Page:Le Tour du monde - 18.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vue de Torshaven, capitale des îles Fœroë. — Dessin de Jules Noël d’après l’album de l’auteur.


VOYAGE DANS L’INTÉRIEUR DE L’ISLANDE,


PAR M. NOËL NOUGARET.


1866. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


I

Arrivée aux îles Fœroë. — Torshaven et sa force armée. — Une excursion dans les montagnes. — Aspect général des îles. — Chasse miraculeuse. — Séjour dans la mission catholique. — Promenades dans Torshaven. — Ses habitants et leur étrange système monétaire. — Un bal de baleiniers. — L’hospitalité du nord.

Au commencement du mois de juin 1866 je pris passage à Édimbourg sur l’Arcturus, paquebot danois qui pendant six mois de l’année fait le service entre Copenhague et l’Islande, en passant par l’Écosse et les Fœroë. J’étais muni d’un ordre d’embarquement sur la frégate française la Pandore en station sur la rade de Reykjavik et j’allais la rejoindre.

Pour compagnons de voyage j’avais un ancien sous préfet danois récemment nommé gouverneur de l’Islande, M. Finsen, et quelques Anglais qui venaient faire cette dure traversée uniquement pour jeter leurs lignes dans le lac de Thingwalla à la lueur du soleil de minuit.

Dès le lendemain, favorisé par une jolie brise du sud-est, nous avions perdu de vue ces romantiques terres d’Écosse qui parlent sans cesse de l’immortel Walter, et vingt-quatre heures après nous arrivions en vue des Fœroë, notre première relâche.

C’était un dimanche. Le ciel était gris et sombre, mais dans ce pays-là il ne doit pas y en avoir d’autre, et, en quittant les derniers bancs des Orcades qui se perdaient dans les brouillards à six milles vers l’est, j’avais compris que je devais faire mes adieux au soleil.

Après avoir longé le grand Timon et le petit Timon, deux promontoires pelés dont la tête brumeuse se dresse en avant des Fœroë, nous nous trouvions engagés dans un immense fer à cheval. À droite s’étendent des falaises percées à jour, et à travers ces tunnels creusés par les vagues nous voyions quelques voiles roussâtres qui couraient sur la mer pour donner la chasse aux harengs. En arrivant dans ce port étrange on sent qu’on pénètre dans l’inconnu. Au fond, au pied des hauteurs qui ferment cette impasse, doit se trouver Torshaven ou Torshawn, la capitale du groupe. On a beau m’assurer qu’il y a là plus de trois cents maisons, je braque ma lorgnette et je ne vois que quel-