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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/145

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La vallée et le bœr de Selsund. — Dessin de Yan’ Dargent d’après l’album de l’auteur.


VOYAGE DANS L’INTÉRIEUR DE L’ISLANDE,


PAR M. NOËL NOUGARET[1].


1866. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


VII


Arrivée à Selsund. — Mauvais accueil. — Ascension de l’Hékla ; campement dans les laves. — Deuxième journée. — Arrivée au sommet du volcan. — Brouillards. — Une mésaventure qui n’a pas de suites fâcheuses. — Vue extérieure du cratère. — Trois heures au fond du cratère. — Vue de l’Islande du sommet de l’Hékla. — Descente rapide. — Arrivée à Storuvellir.

Nous fûmes reçus à Hankadolur par une vieille grosse femme aux joues roses, coiffée d’une casquette d’homme à visière vernie. Derrière elle vint le chef, vrai type de l’ancienne race norvégienne ; ses cheveux grisonnants s’arrondissaient en boudin sur le front, tandis que le long des tempes descendaient deux nattes volumineuses qui achevaient l’encadrement de sa figure.

On prit du café au lait ; le prêtre donna ses instructions, puis nous nous embrassâmes comme si nous nous fussions connus depuis notre enfance ; et pendant que, suivi de son domestique, il allait de nouveau affronter le désert de cendres pour regagner son bœr, je partis avec le chef de Hankadolur, son fils et mon sequens, pour Selsund-sous-l’Hékla.

Une demi-heure après, nous arrivions en vue d’une grande prairie ou paissaient un grand nombre d’animaux domestiques de toute sorte. Cette prairie est un immense cirque traversé par une petite rivière qu’alimentent les neiges des sommets de l’Hékla.

Devant nous s’élèvent les flancs noirs et escarpés des montagnes volcaniques qui se dressent comme des remparts et dessinent leurs festons à plus de deux cents mètres au-dessus de leur base ; à gauche, environ dix courants de lave sortis du cratère de l’Hékla ont glissé côte à côte sur un parcours de dix lieues en suivant une foule de sinuosités ; puis, arrivés dans cette plaine, ils se sont tous arrêtés à la même hauteur.

Au pied de ces têtes de courants de lave, et paisiblement adossé contre eux, est situé le bœr de Selsund, qui restera là jusqu’à ce qu’une nouvelle éruption l’oblige à émigrer dans des cantonnements plus sûrs. Si l’on détourne ses yeux de ce bœr chétif pour les por-

  1. Suite et fin. Voy. p. 113 et 129.