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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/149

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vari, une large colonne d’eau fendit la colonne de cendres et jaillit à plusieurs centaines de pieds de hauteur. L’horreur de ce spectacle était encore augmentée par des ébranlements souterrains et d’épouvantables détonations, qui s’entendaient, dit-on, à vingt-cinq lieues de distance.


Halte dans un bœr. — Dessin de V. Foulquier d’après l’album de l’auteur.

Trente ans après cette grande éruption, le cône de la montagne n’était pas encore complétement refroidi ; des vapeurs brûlantes empêchaient les visiteurs d’approcher du cratère et la neige de s’y fixer. Vers 1810 seulement, la montagne parut replongée dans le sommeil absolu.

En 1839, elle en sortit de nouveau : la neige diminua peu à peu sur son sommet, et, à ses pieds, les sources thermales et les dégagements de vapeurs présentèrent une augmentation considérable de température et de volume. Ceci se prolongea jusqu’à l’année 1845, dont l’hiver fut d’une extrême douceur, sans neige et presque sans gelée ; par suite, le printemps fut d’une précocité exceptionnelle, et l’été d’une sécheresse accablante. Rien n’annonçait cependant une commotion souterraine, quand tout à coup éclata la vingt-quatrième éruption de l’Hékla, après un intervalle de soixante-dix-neuf ans, le plus long que constate l’histoire de ce volcan.


Une nuit dans le ventre d’une baleine. — Dessin de V. Foulquier d’après l’album de l’auteur.

Au milieu de détonations qui retentirent dans un rayon de plus de cinquante lieues, une colonne de gaz enflammés, chargés de cendres, s’élança du sommet de la montagne et étendit, sur les districts méridionaux de l’île, un nuage qui était assez épais pour intercepter la lumière du soleil, et d’où s’échappa bientôt une pluie de cendres et de scories. Les courants aériens transportèrent au loin ces déjections volcaniques avec une telle rapidité, que le soir même elles tombèrent sur les Fœroë, les Shetland et les Orcades.

La nuit qui succéda à ce sombre jour fut éclairée par les reflets d’un épouvantable incendie. Les glaciers, les montagnes, les plateaux de Portland, et jusqu’au fiord de Reykjavik, furent illuminés par les lueurs rougeâtres des éclairs jaillissant de la colonne de fumée. Chaque bouffée de gaz, de flamme et de cendre était accompagnée d’effroyables mugissements, entrecoupés par les éclats des blocs en fusion lancés par le cratère, et crevant et détonant comme des bombes. Enfin, une brèche se fit dans un rebord du cône, et un torrent de lave ardente s’écoula lentement, enveloppant tout un côté de la montagne dans les replis d’un manteau de feu.

Directement au sud de l’Hékla se dressent, plus haut que lui, l’Eyafialla-Jokul (mille sept cents ou mille huit cents mètres), dont la dernière éruption date de 1823, et le Myrdals-Jokul, dont la première éruption constatée remonte et l’an 900, et la dernière à l’année 1755. Celle-ci, soulevant, brisant et fondant une couche de glaciers qui depuis longtemps enveloppait la montagne, donna lieu à un véritable cataclysme. Pen-