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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/157

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milieu du banc de morues ; la frégate, pour expérimenter quelques hameçons, se mit en pêche, et jamais ma vie de voyages ne m’a offert un tableau plus merveilleux. Sur une mer calme, parfaitement unie, près de cent cinquante navires de toutes les formes étaient en pêche ; à quatre milles, les côtes dentelées de l’Islande développaient leurs falaises en gradins jusqu’au pied du Snæffels-Jokull, volcan éteint, célèbre dans les traditions de l’île, et dont les timides rayons du soleil de minuit caressaient en silence l’épiderme de neige.


Vue du Myvatn. — Dessin de Yan’ Dargent d’après l’album de l’auteur.

En moins de deux heures, tout en pêchant comme d’honnêtes amateurs, nous avions pris trois tonneaux de morue et de plus un certain flétan (hippoglossus), tellement énorme que les quatre cents hommes dont se composait l’équipage de la Pandore purent en manger copieusement pendant deux repas. Cet exploit terminé, nous reprenions notre marche, et à minuit et demi, nous entrions dans le Dyrafiord. Il est impossible de rien voir
Église de Reykjahlidar. — Dessin de Yan’ Dargent d’après l’album de l’auteur.
de plus imposant et surtout de plus étrange que cette profonde baie, dont les ramifications mystérieuses pénètrent à plus de dix milles dans les terres. Après avoir franchi l’entrée, nous commençâmes à côtoyer des dunes volcaniques élevées à pic à plus de cent mètres et couronnées de conglomérats de baranite qui ressemblent à d’énormes gabions. Quand on a couru pendant une heure le long de ces fortifications fantastiques, dont la vue ferait croire qu’on se trouve dans un autre monde, on arrive à l’endroit le plus large du fiord. La frégate laissa