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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/176

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pôts, dont l’épaisseur atteint quelquefois 30 mètres, parce qu’il supputait qu’en trois siècles les déjections des oiseaux qui fréquentent les îles de Chincha ne dépasseraient pas une épaisseur d’un centimètre.

M. F. de Rivero croit, au contraire, que cette prodigieuse accumulation de guano est tout naturellement expliquée par la multitude des guanaes, désignés sur les côtes du Pérou sous les noms de : piqueros, sarcillos, gaviotas, alcatraces, pajaros ninos, patillos, etc. Si aujourd’hui, dit-il, malgré la persécution qu’ont soufferte et que souffrent encore les guanaes, on en voit néanmoins des milliards sur les récifs ou sur les sommets escarpés des îlots, qu’était-ce avant l’occupation du Pérou par les Européens, lorsqu’ils étaient, pour ainsi dire, les seuls habitants du littoral ? En 6 000 ans, M. F. de Rivero ne va pas au delà par
Un Indien de Cuzco et des hauts plateaux du Pérou. — Dessin de A. de Neuville, d’après une photographie.
égard pour la date du déluge, le guano déposé pèserait 361 millions de quintaux, et l’on ne doit pas oublier qu’aux déjections se sont ajoutées nécessairement les dépouilles des oiseaux. 264 mille guanaes habitant a la fois les îles de Chincha est un nombre que l’on ne répugne aucunement à accepter quand on a vu se mouvoir ces nuées de volatiles dont, pour employer l’expression de Ulloa, « on n’aperçoit ni le commencement ni la fin, » qui font naître l’obscurité, et, en rasant la surface de la mer, empêchent un navire de manœuvrer. La surface de ces îles étant de 1 450 224 varras carrées, un guanaes y pourrait donc disposer de 5 varas 6/10, soit à peu près 4 mètres carrés, sur lesquels il se trouverait parfaitement à l’aise.