mets » : mais je suis obligé de renoncer à cette illusion (voy. p. 204). L’Indus baignait le pied de l’Aornos, et l’Indus n’est pas ici.
Peshawer, 7 juin, au soir. — Enfin ! Je suis arrivé à Peshawer, et j’ai été présenter ma lettre d’introduction à M. M’Nab, deputy commissionner de la province, qui m’a fort gracieusement installé dans son seraï. J’y gagne deux choses : de vivre en aimable société, et de me mettre vite au fait des rouages intimes de l’administration anglaise dans l’Inde, question si diversement appréciée, aussi bien en Angleterre que chez nous.
Je commence par la question la plus importante pour
moi : c’est de savoir si je puis, en prenant le costume
alfan, prendre la route de Djelalabad pour aller chez
les Siahpoch. M. M’Nab me mène à une galerie d’où
on domine toute la plaine de Peshawer, plaine qui me
Une vue de la Chaîne de Sel (voy. la carte, p. 179, et la note, p. 194-196). — Dessin de Tournois d’après une photographie.
paraît rousse et nue, surtout vers l’ouest, et que cernent
de trois côtés de superbes montagnes non moins
fauves et non moins nues. « Si vous tenez à vous faire
tuer, me dit mon hôte, vous avez le choix entre toutes
ces montagnes : elles appartiennent à des Afghans
sauvages, les Afridis, les Khattaks, les Svatis, et nos
gens se gardent bien d’en approcher à une distance de
quatre ou cinq milles. Il y a quelques mois, M. M’Leod,
notre lieutenant-gouverneur, s’étant approché avec son
escorte du pied des montagnes du nord, a reçu des
coups de fusil des gens de Buneyr.
— Mais vous avez des traités avec les sultans de Kaboul, vos voisins du côte de l’ouest ?
— Nous avions des relations amicales avec le sultan Dost-Mohammed, ce qui n’empêchait pas que la route de Kaboul et Djelalabad est restée fermée depuis