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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/40

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nent mes hommes ; la tranquillité de ce bateau échoué et démâté m’épouvante.

— Vous savez, répondis-je, que je suis prêt à agir avec vous, usez de moi.

— Merci, dit-il, je compte, en effet, sur vous. »

Pendant qu’on armait la yole, j’allai prendre dans ma chambre mon revolver et mon fusil à deux coups chargé à balle. Mon disciplinaire avait déjà saisi sa carabine et son revolver. Ainsi préparés à tout événement, nous descendîmes dans la yole où se trouvait déjà le commandant.

En arrivant à terre, nous vîmes les naturels s’éloigner d’une vingtaine de pas, au lieu de venir au-devant de nous comme la veille. Quelques-uns seulement se montraient ; les autres se cachaient dans les épais fourrés qui bordaient le rivage. Nous débarquâmes cependant,
Néo-Calédoniens de la côte sud-ouest. — Dessin de Émile Bayard d’après une photographie de M. E. de Greslan.
en laissant deux hommes pour garder la yole ; malheureusement, nous n’avions pas Peterson pour nous servir d’interprète, et les Kanaks de ce littoral voient si rarement les blancs qu’ils devaient ignorer même cette langue conventionnelle avec laquelle on se fait ordinairement comprendre sur la côte. Toutefois il fallait en faire l’essai ; prenant donc la parole, je demandai aux indigènes pourquoi ils s’éloignaient ainsi de nous, quand nous voulions parler à Mango. Ti, l’un des fils adoptifs de ce chef, dont plus tard nous avons pu constater l’intelligence, connaissait suffisamment la langue de la côte pour me comprendre. Se tournant du côté de ses compagnons, il leur fit part du désir de notre commandant, et Mango sortant d’un fourré s’avança suivi d’une troupe de guerriers tous armés, suivant leur habitude, de tomahawks, massues, za-