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flanc des montagnes présagent une belle journée, et le soleil restera vainqueur du brouillard matinal.

Cette vallée du Dessoubre est incomparable. Son parcours jusqu’à Consolation, d’environ cinq lieues, est un des décors les plus pittoresques et les plus accidentés de cette partie de la Franche-Comté, aussi belle que la Suisse, mais bien plus ignorée.

La route longe le Dessoubre. La rivière courante roule ses eaux vives, claires et rapides, qui ondulent sur les pierres et bouillonnent autour d’ilots formés par des roches moussues couronnées d’arbustes verts. De tous côtés, les montagnes. L’air est vif et piquant. On respire les vitales odeurs des sapins et des chênes, et cette senteur particulière de l’eau, mêlée aux parfums des menthes sauvages et des plantes odoriférantes. Des gouttes de rosée pendent aux feuilles des arbres. De chaque côté de la route s’alignent des piles de planches.

Le chemin du Moulin de la Mort (voy. p. 411). — Dessin de Th. Weber, d’après une photographie.

En approchant du Vieux-Moulin, on entend le tic-tac précipité des tamisoirs, le grincement de la scierie, le grondement de l’écluse circulaire, dont la nappe de cristal rebondit, sur les rocs noirs, en neige écumeuse et roule en pluie de perles. Le long d’une jetée en maçonnerie blanche, l’eau, dormante au-dessus du barrage, se bombe et se précipite en une énorme masse glauque et vitreuse avec un bruit de mer.

Au tournant du Vieux-Moulin, la route fait un coude. Le paysage prend un aspect triste et sévère. Des roches grises, pelées, rongées par le soleil, s’accrochent au flanc de la montagne comme des ulcères.