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ALEXANDREVSK[1].


DE PÉKIN À PARIS[2],

LA CORÉE — L’AMOUR ET LA SIBÉRIE,
PAR M. CHARLES VAPEREAU.


VIII

Saghaline.



Quel contraste avec le Japon où nous étions il n’y a pas vingt jours ! Où est cette verdure luxuriante ? Où sont ces fleurs qui émaillaient les champs ?

VIEILLARD AÏNO[3] (PAGE 210).

Ici tout sent l’hiver, qui finit à peine, et tout indique la rudesse du climat. Dans le fond, les montagnes qui entourent la ville et dont la hauteur n’est cependant pas considérable, sont encore couvertes de neige. Elles viennent se terminer vers le sud-ouest par une pente douce qui descend dans la mer, formant une pointe sur laquelle se trouve un phare.

Ce n’est pas à Alexandrevsk que les navires faisaient primitivement escale, mais à une petite distance au sud, à Doui, où se trouvent les mines de charbon, dans lesquelles les travailleurs sont tous des forçats d’une certaine catégorie.

Il n’y a pas ici de rade ; par conséquent, aucune protection pour les navires en cas de mauvais temps. Une première jetée en gros madriers s’avance directement dans la mer. Elle a 30 mètres de large sur 100 de long. C’est plutôt une sorte de pont sous les arches duquel les embarcations peuvent passer. Une seconde jetée, placée perpendiculairement à la première, est munie d’escaliers ; c’est le débarcadère, en forme de T.

Comme les eaux sont peu profondes, bien que le Vladivostok soit d’un faible tonnage, nous sommes mouillés à deux verstes du rivage. Bientôt nous voyons deux petits steamers quitter le débarcadère et se diriger vers nous. Ils traînent à la remorque des chalands pour prendre les marchandises. Dans le premier, nous apercevons nombre d’uniformes. Ce sont les autorité civiles et militaires qui viennent au-devant du nouveau gouverneur, pour le féliciter de son mariage et de son avancement. Il y a en effet une année que M. Bieule a quitté Alexandrevsk, secrétaire du gouverneur et garçon. Avant de nous séparer, je prends un groupe des passagers et de l’état-major du Vladivostok. Mon petit chapeau fait tache au milieu des brillantes casquettes. Il faut commencer à m’y habituer.

  1. Dessin de Taylor, gravé par Maynard..
  2. Suite. — Voyez p. 177 et 193.
  3. Gravure de Bazin, d’après une photographie japonaise.