Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/83

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Et l’arracheur de dents reste à soigner son rhume.
C’est un sauve-qui-peut général ; le tambour
A l’onglée, il battra la caisse un autre jour.
Les corbeaux affolés, secoués par la bise,
Se dispersent, poiits noirs dans l’atmosphère grise.
Un bonhomme s’obstine et résiste au courant ;
Humant le vent du Nord d’un air indifférent,
Il attend, immobile, au milieu de la place.

Le vieux fait la risette au cabaret d’en-face.

C’est une maison basse et de vulgaire aspect,
Logis banal, toujours ouvert, parfois suspect.
Mais la tôle où reluit l’image de la pomme
Et la branche de houx parlent au cœur de l’homme.
Provoquante et grinçant sur sa tige de fer,
L’enseigne fleurit rouge en dépit de l’hiver ;
Sur la muraille peinte à fresque on voit deux queues
De billard, sur fond jaune avec des faveurs bleues
En sautoir ; la fumée, au bout du tuyau noir
Estompant le ciel gris, est agréable à voir.
Elle semble vous dire : Entrez, le poêle ronfle.
Le vieux flaire un régal ; sa narine se gonfle,
Il fait un pas, s’approche avec précaution
Et s’en va lentement vers la tentation.