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Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/86

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Ruminant, festonnant et hurlant à la lune,
Perdus aux carrefours les plus familiers,
Trébuchant dans la boue et battant les halliers ;
Ils s’en vont, égarés dans l’ombre vengeresse,
Escortés et suivis des hontes de l’ivresse
Et rapportent chez eux l’odeur du cabaret.

Le lundi se ressent de la veille, on dirait
Un Dimanche civil sans travail ni prière
Que fêtent les chevaux en chômant de litière,
Où les serviteurs font ce que le Maître fait,
Où la femme, laissant le ménage imparfait,
Se résigne ou s’aigrit ; de ce foyer sans joie
Les filles qu’on néglige et les fils qu’on rudoie
Ne gardent point l’amour et perdent le respect.
La Maîtresse en est triste et le Maître suspect.
Farouche et jalousant le père qui se grise
La famille en a peur, le vole ou le méprise.

N’est-il donc point d’excuse à la tentation ?
Faut-il, pour boire un coup sans méchante action,
Que l’on soit dévoré par une soif brûlante ?
Rien n’est plus sain que l’eau, l’eau claire est excellente,
Mais le bon vin clairet est encore meilleur.
On dit vrai quand on dit qu’il réjouit le cœur.