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fortunez. Entreprise I.


mettre tous mes gens à terre, & m’emmenerez auec mon vaiſſeau, celà faict, vous tirerez au deſtroit où ſera voſtre equipage, où nous entrerons, & laiſſerons les deux vaiſſeaux à l’ancre ; en amuſement à ceux qui voudroient venir apres nous, & en diligence nous ſuiurons la route de Glindicee. On penſera que ce ſoit quelque eſcumeur de mer qui ait faict ce butin. Nous aurons bien aduancé auant qu’on ſcache de nos nouuelles, car de vingt iours le Roy ne ſcauroit ſçauoir où ſeront mes gens, qui auront loiſir de cueillir des perles, car i’ay accouſtumé d’y ſeiourner autant, & quand le Roy verra que ie paſſeray ce terme, il y enuoyera : quand à nos vaiſſeaux laiſſez au havre deſert, ils y ſeront longtemps, car on n’y va que par hazard ou deux fois l’an pour aller à la recherche des eſmeraudes. Eſtans au port deſiré, vous ferez le marchand, & me preſenterez à l’Empereur, & de là me laiſſant acheuer mon entrepriſe, vous irez en Quimalee attendre de mes nouuelles, & ne bougerez de là que vous n’é oyez ſoit toſt ou tard, ie vous addreſſe là, car c’eſt vn pays de toute liberté, & où lon n’eſt point recherché, c’eſt le vray Aſile du monde : voilà mon conſeil, mon deſir & mon attente : aduiſez à faire voſtre deuoir, & ie me diſpoſeray à faire le mien. Le Prince. C’eſt deſia faict, tout eſt preſt, ainfi que vous le prononciez il ſe faiſoit. Ne faillez à l’aſſignation, car deſia ie ſuis là vous attendant en grande deuotion de vous faire ſeruice.


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