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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/108

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fortunez. Entreprise I.


re, ſi d’auenture par les ſuccez on ne venoit à d’autres preſomptions. C’eſt cela, il faut que le contentement ſoit receu quand il eſchet. Souuent que l’Empereur prenoit garde à ceſte beauté qui s’en aperceuoit bien, mais faiſoit negligemment la non entendue, il ſouſpiroit en ſoy meſme, & eut voulu qu’elle eut eſté d’autre condition, plaignant en ſoy-meſme le dommage que c’eſtoit, qu’vne telle beauté fut vne ſimple fille ſcauante. Le temps & la continuation du plaiſir, furent cauſes que l’Empereur ſe noyant en ſes belles delices, auiſa apres vn crayon qu’Etherine auoit fait de ſoy-meſme, que ſes yeux eſtoyent trop beaux pour eſtre negligez, puis peu à peu remarquant tant de merueilles en ce bel objet, oublia toute autre penſee pour ne penſet qu’aux douces meditations, que lui cauſoyent les perfections de ceſte Belle, qui deuint en fin Princeſſe de ſon ame, & ſ’en rendit tant paſſionné, que ſa plus delicieuſe occupatiō eſtoit de l’entretenir, en deliberatiō de la prier de depoſer le ſeau de ſon vœu pour eſtre à lui, diſcourant deſia des auantages qu’il lui vouloit faire en recompēſe ſelon l’equité de ſon cœur. Quelquesfois il penſoit de la prier d’eſtre ſa Dame d’amourettes : puis la iuſtice qui en mettoit vne crainte en l’ame, ſi qu’il ſ’en reueilloit, l’eſtimant de trop de merite pour eſtre d’vn ordre ſi miſerable : Et puis l’aymant de paſſiō il deſiroit & eut voulu qu’elle eut obtenu tel rāg, qu’elle eut eſté capable d’eſtre Imperatrice : voila comment Etherine eſtoit le bel objet de l’Empereur, & ſon plus exquis exercice, meſmes il n’auoit pas ſouuent le loiſir de deſpeſcher