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Le uoyage des Princes


tesfois ſe flattant de ſon aiſe eſperé, ſeremet en vn peu d’eſpoir, & conclud qu’il le faut reueiller. Et puis ſe ſentant outree d’affection, ſe dōne toute licence de prendre la voye de reſolution qui ſ’offrira, parquoy apres pluſieurs debats en ſon ame, ſ’eſtant ſouuēt mutinee puis rapaiſee, & en fin voulāt eſprouuer ce qui lui doit auenir, ſe de termine à renuerſer l’ordre, donques prenant l’occaſion de diſcourir auec le Fortuné, le fit aiſément venir à tel propos qu’elle continua ainſi. Vous ſçauez qu’il n’y a pas moyen d’eſchapper, & qu’il ne ſe peut, que l’on ne ſente quelquefois vne petite eſmotion de bien-vueillance pour vn ſujet de merite, i’ay autrefois penſé que ce fuſſent aers friuoles, que ceux qui emportent les amans, mais ie me recognois, & me dedis des propos que i’en ay maintemus, car ie cōfeſſe qu’il y a veritablement vn amour qui peut ſur les courages, certainement ie l’ay eſſayé, & en porte les impreſſions en mon cœur, ie ne ſcay ſi vous vous en eſtes apperceu ? Or quoy qu’il m’ē auienne, & que l’on me reproche mon deportement inuſité en cela, ou que l’on m’accuſe d’eſtre plus deſireuſe que deſiree, ie franchiray pourtant le terme que ma volonté ſ’eſt reſolue de paſſer, & reſpondray que ce n’eſt point moy qui recherche, mais bien que ie manifeſte que ie ſuis capable d’aymer & d’eſtre aymee, & le dis pour autant que pluſieurs penſent qu’aucunes de nous qui ſommes Fees, ſoyōs aſtreintes par vœux, tellement que pluſieurs qui voudroyent nous aymer, n’oſent ſe defcouurir à nous : Or il ne faut point que pour moy on ait