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Le uoyage des Princes


ne puis & ne veux faire aucune meſchanceté, que ſi i’eſtois ſi laſche de vous promettre, ie meriterois d’eſtre puny : d’autāt que ie ne puis legitimemēt eſtre à vous, il eſt vray qu’encor que ie ſois à vne autre, ſi eſt-ce que pour la grād faueur, & hŌneur qu’il vous a pleu me faire, ie ſeray à iamais voſtre cheualier, & d’affection, en ceſte ſorte ie vous aymeray & ſeruiray fidelement & vniquement. La Fee. C’eſt que vous me dedaignez que vous parlez de la façon, & meſpriſez ce qui ne vous couſte gueres, mais ſi eſt-ce que vous faudrez bien à trouuer vne maiſtreſſe, qui fit cas de vous comme ie feray : car ayant ce nom, l’effect, ſeroit en fin que ie ſerois voſtre bonne ſeruante : Ie ſcay bien à ceſte heure, que i’ay fait vne faute, de vous auoir manifeſté mon courage, il falloit que ie vous fiſſe venir, & teinſſe en langueur, adonques vous l’euſſiez trouué bon, la pierre en eſt iettee, ainſi qu’il conuient à ceux qui ont tiré l’eſpee cötre leur Roy, d’en ietter le fourreau au feu, auſſi ayant commis ceſt erreur de vous auoir manifeſté mon dommage, & comme amour m’a reduite, il faut que la premiere hôte de fille eſtāt perdue, ie me commette au reſte de la fortune d’amour, tant que l’honneur me le permettra, & que ie ſois voſtre, pour eſtre autant aymee qu’Amante : Cavalir. Il faut obeir aux Dames & ne les irriter iamais, ie feray ce qu’il vous plaira, ſi vous iugez qu’il ſoit raiſonnable, & que vous trouuiez bon d’obtenir vn cœur qui eſt engagé : Et puis ie penſe recognoiſtre que ce deſſein eſt vn beau paſſe-tēps que vous faignez pour vous eſbatre & faire preuue de mon eſprit. La fee, ie