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fortunez. Entreprise I.


parle d’affection, & en verité, & le vous feray paroiſtre. La departie contrainté, fut cauſe que la Fee qui eut d’auantage moleſté le Fortuné, le laiſſa, ainſi ſe ſeparerent-ils tous deux diuerſement ennuyez. Caualiree deſcouurit cet affaire à ſes freres qui pour l’euiter, haſtoyēt le plus qu’ils pouuoyentlevoyage de Nabadonce.

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DESSEIN DOUZIESME.


Progrez de la vengeance que veut prendre Epinoyſe des Fortunez, l’Empereur perſuadé l’eſcoute, & ſe diſpoſe de ſçauoir ce qui eſt d’vn auertiſſement qu’elle luy donne de trahiſon par les Fortunez.



IL n’y a rien de tant felon, qu’vne Dame qui ſe penſe eſtre dedaignee, & ſurtout, lors qu’elle ſçait qu’elle a du merite : parquoy Epinoyſe ayāt fait tous ſes efforts & les voyant inutiles, apres auoir longuement conſulté à part ſoy, & medité tout ce qui ſe pouuoit agiter fur ce ſuiet, deueint preſque furieuſe, tāt du depit qu’elle auoit, d’auoir honteuſement recherché vn homme, que du dedain qu’elle portoit de ſe cognoiſtre non aymee : En ceſte maligne opinion ſe conſeillant auec le deſeſpoir, le dépit & lavengeance, ſe mit à oublier Amour, amitié, & tbut reſpect, ſi qu’elle ſe lança au goufre vengeur, qui lui produiſit les inuentions de ſe vanger de ſon ad-