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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/143

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Le uoyage des Princes


verſaire, & ſe propoſa de perdre non ſeulement Caualiree, mais les trois freres & ruiner leur fortune, & tout ce qui les toucheroit d’amitié ſans eſpargner Lofnis, ny l’Empereur meſmes ; Elle auoit opinion que l’innocēte Dame ſ’eſtoit auiſee de ſon amour, & qu’elle en auoit deſtourné le Fortuné de peur, que l’eſpouſant, elle perdit l’eſperance d’eſtre ſon heritiere, car Epinoiſe eſtoit Dame de grandes terres, comme de la duché de Pragence, & autres dont venoyēt les plus belles commoditez de l’Empire, & dont Lofnis heriteroit, ſi la Fee mouroit ſans enfans, d’autāt qu’elle eſtoit ſa parente de par ſa mere. Parquoy # mutinât en ſon ame conſpira contre ſoy-meſme, coniurant la perte des innocens, machinant & executant cōtre eux, ce qu’elle peut : Il te faut vn peu pardonner pauurette, car tu ne ſcais ce que tu fais ny contre qui. En ſa pernicieuſe fantaiſie, ſans faire autre mine que de couſtume, elle à ſon ordinaire veint voir l’Empereur, & sās manifeſter aucun trait d’artifice, vſa d’vne contrefigure aux eſſais deceueurs de la court, s’accommodant aux ordinaires conceptions & entretiēs qui l’exerçoyent, & ainſi l’ayant mignonnement conſolé : comme ſouuent elle faiſoit, coula auec ſon propos le progrez de ce diſcours, reſpondāt à ce qu’il lui auoit dit de la grandeur amoureuſe qui le dominoit. Comment voulez vous touſiours vous affliger ſous la ſeruitude de ceſte maligne humeur, qui vous retient aux deceptions : dont voſtre ame ſe trouble ? pretendrez vous ſans ceſſe à voſtre ruine, n’auez vous point ſouuenāce de ce que vous auez eſté ? S’il auiēt que les eſtran-