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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/157

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Le uoyage des Princes


ne, dont il luy declara ce qu’il voulut : elle en eut pitié, le conſola, & receut en ſa maiſon, que aucun n’auoit encor deſcouuerte, pource que peu s’arreſtoient en ceſte iſle, & ceux qui y abordoient y mouilloient ſeulement l’ancre, puis s’ē alloient ſans entrer plus auant. Ces freres receus de la Dame, alloient ſouuent vers le havre. Et Caualiree, dict à ſon frere que c’eſtoit le conſeil de la Dame qui l’auoit aduiſé, que quelquefois il y paſſoit des Orientaux qui venoient querir des ſerpens pour faire le Theriaque. Tandis qu’ils furent là, Batuliree leur fit bonne chere de ce qu’elle auoit, & leur donnoit du pain fait d’vne racine qui croiſt pres ſa maiſon. Ceſte racine eſt la vraye Ermeſie, d’autant qu’outre ce qu’elle faict que ceux qui en mangent engendrēt des enfans beaux & genereux, ils ſont euxmeſmes en ſanté, & en eſpece de gloire heroyque. Ces grandes Philoſophes qui l’ont voulu imiter, faiſoient vne compoſition de noyaux de pin, de noix broyees auec miel, myrrhe, ſafran & vin de palme ou bon vin auquelles daſtes ont laiſſé leur vertu, faiſant vſer de ceſte cōpoſition auec du laict, ce qui les auoit induicts à ceſte mixtion eſtoit le gouſt diuers de ceſte plante, de laquelle on tiroit pluſieurs ſortes de viandes en la preparant. La Dame auoit vne fille belle & accomplie en toutes ſortes, c’eſt la prudente Carinthee qui le plus ſouuent ne bougeoit de ſa chambre à mediter ſur les excellences de l’vniuers, dont le racourcy ſe trouuoit en ſon cabinet par vn artifice admirable. La fille que Caualiree auoit veuë à ſon arriuee en l’iſle eſtoit fa ſeruante, qui eſtoit allée cueillir la fleur de frā-