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Le uoyage des Princes

au matin que la ſeruante veint, il lui enuoya ceſte recognoiſſance,

Ie tremblerois de peur ayant commis l’offence,
Que ie fis reſiſtant à vos commandemens,
Si vous qui ſcauez tout n’auiez la cognoiſſance
Des violents efforts des premiers mouuemens.
Je ſcay que i’ay failli, mais auiſez ma Belle
Quel intereſt de cœur ie pretens en auoir,
Car puis que vous ſcauez que ie uous ſuis fidele,
Uous deuiez accepter l’effet de mon deuoir.
Uous m’auez arreſté de puiſſance abſolue,
Uos beaux yeux ont voulu m’eſlire à leur plaiſir,
Toutesfois ie vou vei colere & reſolue,
Preſte à me deſtourner l’objet de mon deſir.
Ie l’oſe proferer, vous me fuſtes cruelle,
Et voſtre voix me fut vn accent de rigueur,
Car puis que vous ſcauez que ie vous ſuis fidele
Vous me deuiez traitter ainſi que ſeruiteur.
Mais ſoit ce qu’il uous plaiſt, i’ay l’ame obeyſſante,
Le cœur humilié, prompte la volonté,
Riē ne peut empeſcher que mō amour n’augmēte,
Rien ne rompra le cours de ma fidelité.
Uous m’auex allumé d’vne flame eternelle,
Uous eſtes obligee à conſeruer mes feux,
Et puis vous ſcauez bien que ie vous ſuis fidele,
Uous deuez accepter le deuoir de mes vœux.
Eſſayez & cherchez tout diuin artifice
Pour trouuer par effait quel mō cœur vou ſera,
Soit que vous vo° feignies, ou cruelle, où propice
Mō courage conſtant, conſtant vous paroiſtra.
Ainſi ie vay ſuyuant où mon deſtin m’appelle
N’ayant que mō amour & vos beautez pour loy,
Et puis que vous ſcauez que ie vous ſuis fidele