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Le uoyage des Princes

liberté, auſquels ils declarerent leur intention, & la cauſe : ſur quoy ils vſerent de remonſtrances & autres actes tendans à perſuaſion pour deliurer leurs amis, mais ce fut en vain, & leur fut dict qu’ils ſe contentaſſent du gain qu’ils faiſoient d’eſtre libres. Sur celà les Fortunez prirent conſeil enſemble de faire quelque choſe d’eſtrange ou d’habile, pour retirer leurs amis. Cependāt qu’ils eſtoient à trafiquer auec les deſſeins, pour la liberté des priſonniers, ils ſceurent tant bien s’inſinuer aux graces du Roy, de la Royne & des grands de la Court, que l’on faiſoit grād cas d’eux parquoy parlās de paſſer en Sobare, le Roy les print à part, & leur dit, que s’ils pouuoient tant faire que la Royne Sarmate luy vouluſt enuoyer vne ouce & vn grain de la ſaincte Galanſtiſee, qu’il deliureroit tous les priſonniers & feroit paix auec elle & les ſiens, & ſeroit ſon amy & ſeruiteur. Les Fortunez luy promirent d’y mettre ordre, & ſur celà les priſonniers furent eſlargis. Ainſi que l’on ſe deſpeſchoit de faire vn vaiſſeau leger pour paſſer en Sobare, il arriua des nouuelles d’Ofir, où le Roy de Calicut auoit enuoyé Ctisder frere de la Royne qui luy faiſoit ſçauoir de ſes nouuelles. Ce Prince eſtoit allé en Ofir pour le recouurement de la ſaincte Galanſtiſee qui croiſt en ce pays là, & eſt quelquesfois liqueur & quelquesfois & le plus ſouuent pouldre, tantoſt comme le lis en blancheur, & tantoſt comme le pauot, champeſtre en rougeur, l’excellence de cecy eſt en l’vſage, car on en prend en fort petite quantité, qui eſt enuirō vn grain à chaque fois, ce qu’ayant reiteré deuëment, on eſt certain d’eſtre deli-